Quelques bureaux de diplomates et membres du renseignement peuvent souffler ce matin. Depuis une semaine, les observateurs de la Russie s’inquiétaient de l’arrivée au gouvernement d’une quinzaine de candidats RN pointés du doigt pour leurs affinités ou participation aux opérations de propagande du régime de Vladimir Poutine.
Une dizaine d’entre eux avaient notamment joué le rôle « d’observateurs » de référendums ou d’élections fantoches en Ukraine, occupée par les forces armées russes, dont celui en Crimée.
Parmi les participants à ces opérations organisées par Moscou, on trouve : Hélène Laporte, Julie Lechanteux, Bruno Bilde, Frederic Boccaletti, Ludovic Pajot (suppléant du candidat Thierry Frappé), Joëlle Mélin, l’avocat Pierre Gentillet, Andrea Kotarac, Virginie Joron, Jean-Lin Lacapelle ou encore Jacques Myard.
Sur ces onze candidats, seuls les six premiers restent députés. Cinq d’entre eux ont effectivement joué le jeu de la propagande du Kremlin en allant « observer » des « élections » ou des « référendum ». Ils ne sont cependant pas des nouveaux venus puisque tous étaient déjà présents sur les bancs de l’Assemblée Nationale lors de la précédente législature. Les cinq derniers, eux, ne feront finalement pas leur entrée au Palais Bourbon, défaits au second tour.
Des agents de la propagande russe déçus des résultats
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Les plus déçus par ces résultats sont peut-être les propagandistes et agents d’influence du Kremlin, bouillonnant sur la messagerie chiffrée Telegram. Après l’annonce de la victoire du Nouveau Front populaire, les messages se multiplient pour conspuer le résultat du vote.
Une ancienne employée de l’ambassade de Russie à Paris se fend d’une citation de Joseph de Maistre, philosophe contre-révolutionnaire farouchement opposé aux idées des Lumières et… exilé en Russie : « Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite ». Sous sa citation, des dizaines de commentaires de personnes prédisant un destin funeste à la France du fait du résultat du vote ou encore que le scrutin était « truqué ». Un autre commentateur, sur une autre publication du même compte, interpelle même l’employée à venir « nous sauver ».
Un autre propagandiste, lié aux entreprises d’influence du défunt Evgueni Prigojine (à la tête du groupe de mercenaires Wagner), éructe les éléments de langage du Kremlin sur un de ses canaux secondaires : « Rappelons que le programme du Nouveau Front Populaire de Mélenchon et de ses amis, c’est le soutien militaire à la Junte bandériste pro-OTAN de Kiev ! Envoyer des armes à un régime fasciste pour participer à la guerre américaine contre la Russie sans que le moindre intérêt de la France n’y soit défendu, voilà donc une des promesses de nos amis de gauche margarine, de la gauche mondialiste, de la gauche bobo, de la gauche américaine et Soros compatible ».
Sur un autre canal, tenu par une organisatrice des déplacements en Russie ou en Ukraine occupée, l’ambiance n’est pas meilleure. « Les français auront le futur qu’ils méritent » (sic) prédit-elle. « Une fois de plus, la bataille continue » assure-t-elle, peinant à cacher son désarroi.
Pourquoi les services de sécurité avaient peur
À l’issue du second tour des élections législatives, le nouveau front populaire est devenu majoritaire à l’Assemblée Nationale avec 182 sièges. Cette union de la gauche devance le camp présidentiel qui rassemble désormais 168 députés et le Rassemblement National et ses alliés qui totalisent tout de même 142 sièges.
Le parti d’extrême droite, d’abord donné gagnant, a finalement été battu dans près de 60 % de ces circonscriptions encore en jeu. Une défaite qui ne l’empêche pas d’annoncer, le soir même des résultats, que le RN rejoignait le groupe parlementaire créé par le Premier ministre hongrois Victor Orban au Parlement européen.
Une question restait en suspens lors de ces élections était la potentielle arrivée de nouveaux députés ayant eu des liens directs avec Moscou ou la machine de propagande du Kremlin. Un enjeu démocratique, mais aussi sécuritaire puisque l’hypothèse d’une vague RN inquiétait au sein même des services de renseignement français.
Face à cette hypothèse, comme l’explique le média spécialisée Intelligence Online, les services de sécurité craignaient une baisse de la coopération des partenaires occidentaux avec Paris. Un gouvernement français d’extrême droite aurait pu être vu comme un partenaire moins fiable.
Ce scénario rappelle d’ailleurs largement la Guerre froide, quand les États-Unis et le Royaume-Uni étaient rétifs à partager des informations avec les Français, considérés à l’époque comme des partenaires douteux eu égard à leurs sympathies vis-à-vis de l’URSS.
Les partisans russes ne baissent pas pour autant les bras. Ce lundi 8 juillet, tous étaient de retour à leur poste pour continuer à diffuser la propagande sur le conflit en Ukraine en espérant que le Rassemblement National s’empare du pouvoir en 2027.
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