La députée Ersilia Soudais a partagé une fausse une du journal Libération sur les Jeux olympiques de Paris. L’image avait été fabriquée par des réseaux de propagande russes. Ces campagnes de désinformation ont été analysées par une entreprise de cybersécurité.

La députée LFI Ersilia Soudais a oublié une règle d’or sur les réseaux sociaux : ne jamais se précipiter. Ce 5 août 2024, l’élue de gauche a partagé sur le réseau social X (ex-Twitter) une prétendue une du journal Libération, qui aurait révélé des urgences médicales chez des athlètes s’étant baigné dans la Seine. La publication, supprimée depuis, provient en réalité des réseaux de propagandes russes.

À gauche, le post original publié sur le compte impérialiste « Nouvelle Russsie ». À droite, la une relayée par Ersilia Soudais. // Source : Numerama
À gauche, la publication originale publiée sur le compte impérialiste « Nouvelle Russsie ». À droite, la une relayée par Ersilia Soudais. // Source : Numerama

Initialement publiées sur VKontakte, l’équivalent russe de Facebook, et Telegram, ces fausses couvertures de journaux ont fait leur chemin jusqu’aux relais de propagande russe sur X, jusqu’à atteindre une parlementaire française. Le journal Le Parisien ainsi que Marianne ont également été détournés.

Les réseaux de propagande ont simplement repris une photo du triathlète canadien Tyler Mislawchuk, qui a vomi sur la ligne d’arrivée après sa course. Le sportif a lui-même déclaré à la presse : « J’ai avalé beaucoup d’eau pendant l’épreuve mais ça n’a rien à voir avec la qualité. C’est simplement que mon estomac était rempli. Ajoutez à ça 1h40 pendant lesquels vous donnez tout, des choses vont forcément se passer. »

La fausse couverture de Libération continue pourtant à tourner sur les réseaux sociaux. La véritable une du 5 août est en ligne sur le site du média.

De faux sites développés par la Russie

Cette campagne de désinformation se rapproche des méthodes de l’opération Doppelgänger. Ce plan a été lancé par le Kremlin après l’invasion de l’Ukraine, afin de distiller de fausses infos dans l’espace médiatique. Il est connu des services de renseignements français, des médias et même d’une partie du grand public, et rien ne semble pouvoir l’arrêter.

L’entreprise française de cybersécurité HarfangLab a publié un rapport le 25 juillet pour comprendre ces opérations dans le détail. Le dossier mis en ligne recense de manière complète des milliers d’articles de propagande, des faux sites de médias ainsi que des comptes de réseaux sociaux programmés pour diffuser les éléments de langage du Kremlin.

Il est difficile de mesurer l’impact réel de ces sites clones. L’audience des médias web développés uniquement pour relayer la propagande russe est extrêmement faible, néanmoins les idées exprimées parviennent à infiltrer les réseaux sociaux. Contacté par Numerama, Pierre Delcher, directeur de l’équipe de recherche en cybersécurité chez HarfangLab, estime « qu’il suffit qu’un tweet soit relayé par un média ou un politique pour qu’il prenne une amplification massive ».

Les Jeux olympiques ciblés par la propagande russe

L’expert en cyber est impressionné par la rapidité avec laquelle les acteurs de la désinformation se saisissent des polémiques en France et dans d’autres pays. Les Jeux olympiques de Paris sont régulièrement ciblés par les comptes russes. « On a constaté que la machine s’adapte beaucoup plus rapidement aux sujets qui divisent. Les faux médias sont parfaitement capables de mélanger de véritables informations avec de parfaits mensonges », constate Pierre Delcher. « Le volume de publications reste élevé, l’objectif étant de produire en masse. Ils laissent ensuite les informations suivre leur chemin », ajoute-t-il.

Un faux site de propagande pendant les élections législatives anticipées. // Source : HarfangLab
Un faux site de propagande pendant les élections législatives anticipées. // Source : HarfangLab

L’illusion est renforcée depuis que la machine de propagande s’est mise à utiliser des outils basés sur l’intelligence artificielle. Il faudra prendre d’autant plus de temps pour vérifier ses informations.

Cet article existe grâce à

Les abonnés Numerama+ offrent les ressources nécessaires à la production d’une information de qualité et permettent à Numerama de rester gratuit.

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l’I.A, contenus exclusifs et plus encore. Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !