Le Brésil a banni X de son territoire, après le refus de l’entreprise de nommer un représentant légal. Une affaire sur fond de souveraineté numérique.

Elon Musk peut-il se passer d’un marché de 215 millions d’habitants ? Il y sera contraint, s’il ne répond pas aux demandes du Brésil : le pays, par la voix de sa Cour suprême fédérale et du juge Alexandre de Moraes, vient d’annoncer bannir le réseau social X (Twitter) de son territoire. Qui plus est, tout Brésilien cherchant à utiliser un VPN pour se connecter à X pourrait avoir une amende de 50 000 réaux, soit un peu plus de 8 000 €. De quoi décourager.

L’origine de l’embrouille entre X et le Brésil

Mais pourquoi ce bras de fer et des décisions aussi radicales ? Si l’on regarde à la loupe les derniers événements on peut se dire que l’histoire est étonnamment récente et montre que le pays est allé vite en besogne : le Brésil a demandé le 28 août 2024 à X de nommer un représentant légal dans le pays. Ce que l’entreprise a refusé, menant à la condamnation et au bannissement du 30 août.

Il faut pourtant faire un pas en arrière pour comprendre la totalité de l’histoire, car elle remonte en fait au début de l’année. En avril 2024, le Brésil a lancé une investigation sur X, accusé par le pouvoir d’avoir débloqué des comptes qui avaient été bloqués par des décisions de justice locales. La majorité de ces comptes, rapportait alors le New York Times, était liée à Jair Bolsonaro, l’ancien président d’extrême droite battu en 2022. Dans sa croisade contre le « wokisme », Elon Musk a multiplié des actions de ce genre où il le pouvait, allant jusqu’à estimer avoir révélé un complot massif de l’ancienne direction de Twitter, qu’il décrivait aux ordres de la gauche progressiste.

Dès lors, la situation s’est envenimée, le Brésil estimant qu’une entreprise américaine devait respecter ses lois, a haussé le ton. Face au refus obstiné d’Elon Musk d’accéder aux demandes du gouvernement brésilien, le pays a demandé la nomination d’un nouveau représentant légal. Et c’est à ce moment que nous revenons au point de départ : cette demande a été refusée par Elon Musk et le pays a décidé de bloquer entièrement le réseau social.

La réaction d’Elon Musk n’est pas surprenante

Pour Elon Musk, qui cite sur la plateforme un compte nommé En finir avec le wokisme, « la liberté d’expression est la pierre angulaire de la démocratie, et un pseudo-juge non élu au Brésil est en train de la détruire à des fins politiques ». Avant d’ajouter sur son propre compte X, dans une logorrhée de publications, que le Brésil vient de détruire « la seule source d’informations qui dit la vérité » ou d’approuver une publication qui affirme que si « les démocrates sont élus » aux États-Unis, la censure des discours sera une évidence.

La réponse d'Elon Musk au Brésil // Source : Capture d'écran
La réponse d’Elon Musk au Brésil // Source : Capture d’écran

Un bras de fer qui repose, au fond, sur des bases similaires à celles d’autres affaires dans le monde impliquant les grandes plateformes : comment les contraindre à respecter des lois locales, alors même que leur fonctionnement et leur administration sont américains ?

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