Le sabotage – déjà historique – des bipeurs et des talkies-walkies du Hezbollah est logiquement le fruit d’une opération préparée sur le long terme. Une investigation du New York Times du 18 septembre révèle qu’Israël a créé des sociétés-écrans pour produire les fameux bipeurs piégés. L’enquête met en doute la mission réelle du sous-traitant hongrois B.A.C Consulting, chargé de fabriquer en Europe les appareils Gold Apollo pour la société taïwanaise Apollo. Selon le gouvernement hongrois, cette société est « un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie » et « les appareils en question n’ont jamais été sur le sol hongrois ».
D’après le quotidien américain, et selon trois officiers du renseignement au courant de l’opération, B.A.C était une façade israélienne. Ils affirment que deux autres sociétés-écrans avaient été mises sur pied pour masquer l’identité réelle des personnes fabriquant ces bipeurs : des agents des services de renseignement israéliens.
Le Hezbollah s’équipe en bipeur depuis près de deux ans
L’opération avait été pensée dès 2022, après la mise en garde de Hassan Nasrallah, guide religieux du Hezbollah, contre tous les objets connectés. Le chef spirituel de l’organisation militaire chiite a poussé ses soldats à opter pour des appareils plus « rustiques », cela afin d’éviter de s’exposer à un piratage par le Mossad, le service israélien en charge du renseignement extérieur.
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Hassan Nasrallah a ordonné que les détails des mouvements et des plans de son organisation ne soient jamais communiqués par smartphone. Selon les trois responsables du renseignement, il a exigé que ses officiers portent des bipeurs qui, en cas de guerre, les aideraient à guider les combattants.
Le fabricant japonais a cessé de produire les talkies-walkies
Le 17 septembre, à 15h30, tous les membres du Hezbollah munis d’un bipeur reçoivent un message en arabe. Le Liban est plongé dans le chaos quelques secondes après.
Selon le New York Times, le principal client du sous-traitant hongrois B.A.C était le Hezbollah. Les bipeurs fournis aux combattants, étaient, en réalité, déjà piégés, imprégnées d’explosifs PETN, du tétranitrate de pentaérythritol.
Quid des talkies-walkies, qui ont tué 40 morts et blessés 450 autres le lendemain ? Le fabricant japonais Icom a déclaré qu’il avait cessé de produire « il y a une dizaine d’années » les modèles soupçonnés d’avoir explosé mercredi au Liban.
« Le IC-V82 est une radio portable qui a été produite et exportée, y compris au Moyen-Orient, de 2004 à octobre 2014. Elle a été abandonnée il y a environ 10 ans, et depuis lors, elle n’a pas été expédiée par notre société », a répondu la société au New York Times et aux médias israéliens.
« La production des piles nécessaires au fonctionnement de l’unité principale a également été interrompue et le sceau holographique permettant de distinguer les produits contrefaits n’a pas été identifié, de sorte qu’il n’est pas possible de confirmer si le produit a été expédié par notre société », a déclaré l’entreprise.
Elle a ajouté que ces produits destinés aux marchés étrangers sont vendus exclusivement par l’intermédiaire de distributeurs agréés. Autant dire qu’une société-écrans a probablement fourni ces appareils, piégés.
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