Deux semaines avant l’élection présidentielle américaine, une nouvelle campagne de désinformation cible Tim Walz, le colistier de Kamala Harris, la candidate démocrate qui a remplacé Joe Biden au pied levé. Une enquête du magazine Wired publié le 21 octobre révèle qu’un hypertrucage viral (ou deepfake) sur les réseaux sociaux aurait été lancé par un organisme de propagande russe.
Une vidéo, postée sur le réseau social X (ex-Twitter) par un compte aux origines opaques, met en scène un homme qui accuse le gouverneur de l’État du Minnesota d’agression sexuelle. Il prétend être ancien élève de Tim Walz, et affirme avoir subi ses abus lorsque l’aspirant vice-président était entraineur de football américain.
Son témoignage relayé par les partisans pro-Trump a totalisé 4,3 millions de vues avant d’être supprimé. De nombreux comptes font encore référence à cette fausse information sous les publications que partagent Tim Walz sur les réseaux sociaux.
La vidéo est un trucage plutôt convaincant. Toutefois, les auteurs de cette opération auraient utilisé de l’intelligence artificielle uniquement pour la voix ; le visage aurait été modifié avec des techniques de face-swap (« échange de visages ») que l’on trouve communément sur les réseaux sociaux. Trois indices confortent la piste du caractère factice de la scène : le manque d’expression et de mouvement du visage, le ton robotique de la voix et l’absence de respiration entre les prises de parole.
Des ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2024
En remontant à la source des premières rumeurs d’agression sexuelle, les journalistes de Wired sont d’abord tombés sur un réseau de plateformes gérées par John Dougan, un ancien policier américain qui vit aujourd’hui à Moscou. Le premier site à relayer vr « témoignage » est patriotvoicenews.com, créé en août et mis à jour le 14 octobre. Plus de 100 sites aux origines douteuses – avec des noms de domaine récents, associés à une diffusion de fausses informations – liés John Dougan ont ensuite partagé l’interview. Pour Darren Linvill, codirecteur de l’analyse des médias à l’université de Clemson, « il ne fait aucun doute qu’il s’agit de Storm-1516 », a-t-il confié à Wired.
Storm-1516 serait un groupe affilié au Kremlin chargé de monter les campagnes de désinformation, notamment pour l’élection présidentielle américaine de 2024. Une première fausse info autour d’un prétendu accident de voiture de Kamala Harris ayant causé la mort d’une personne a déjà commencé à tourner.
Par ailleurs, le quotidien américain Washington Post a retrouvé le supposé Matthew Metro, ancien élève d’une école dans le Minnesota, dont l’identité a été usurpée par les organismes de propagande. Ce résident de Hawaii est surpris que son nom soit repris dans une campagne de désinformation. Il assure qu’il n’a pas connu Tim Walz en tant que professeur.
Une hausse des recherches sur Tim Walz, le colistier de Kamala Harris
Les opérations orchestrées par Storm-1516 commencent souvent par la publication d’un récit et d’une vidéo d’un lanceur d’alerte, a souligné en juillet la mission américaine auprès de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), puis la désinformation est « amplifiée par d’autres réseaux en ligne apparemment non affiliés. Les fausses informations peuvent également être reprises par d’autres médias qui traitent des sujets viraux sur les réseaux sociaux. Dans le cas de Tim Walz, elles ont atterri sur MSN, le site d’agrégation d’informations appartenant à Microsoft.
Les données sur les tendances de recherche Google montrent une augmentation considérable du nombre de personnes recherchant « Tim Walz pédophile » et « Tim Walz abuse » le 13 octobre lorsque l’interview a été reprise par plusieurs comptes complotistes. On ne sait pas combien d’internautes ont mis en doute ou ont été convaincus par cette information.
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