Le smartphone de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a été piraté et utilisé pour envoyer des messages à d’autres responsables étrangers. Un expert examine les règles de sécurité négligées dans ces cas-là.

Le téléphone portable de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a récemment été piraté. L’incident, révélé par Médiapart le 5 décembre, s’est produit le 25 novembre dernier, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7. Selon les premières informations, Jean-Noël Barrot aurait cliqué sur un lien malveillant reçu via l’application de messagerie sécurisée Signal.

Jean-Noël Barrot ministre délégué en charge de la transition numérique et des télécommunication // Source : economie.gouv
Jean-Noël Barrot, l’actuel ministre des Affaires étrangères. // Source : economie.gouv

Selon Médiapart, c’est son homologue du Bahreïn, Abdullatif bin Rashid Al Zayani, qui l’a rapidement prévenu après avoir reçu des messages suspects envoyés depuis le téléphone du ministre français.

Dès la détection de l’attaque, l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) a été immédiatement saisie pour enquêter. Cependant, l’investigation a été bloquée par le refus du ministre de remettre son téléphone personnel aux enquêteurs. Jean-Noël Barrot a invoqué un emploi du temps particulièrement chargé en raison de ses déplacements diplomatiques pour justifier son manque de coopération.

Le ministère a cependant indiqué au Parisien ce 6 décembre « qu’il n’a pas eu le temps de le donner entre deux voyages à l’étranger mais une saisine de l’Anssi bien a été réalisée avec des échanges en cours ».

Des campagnes de phishing ciblent régulièrement les diplomates et les ministres

Le personnel diplomatique est massivement ciblé, y compris par des messages usurpant l’identité d’autres instances. « Il ne faut pas stigmatiser les victimes pour autant. Cela arrive à tout le monde de cliquer sur ces liens dans la hâte, surtout lorsqu’ils sont particulièrement convaincants », rappelle Benoit Grunemwald, expert en cybersécurité chez ESET.

Quelques règles de sécurité ont été oubliées. En dehors du fameux « ne pas cliquer », la réticence des diplomates à travailler avec un autre portable peut aussi entrer en ligne de compte.

« Le fait que le ministre ne puisse pas fournir son téléphone à l’ANSSI, qu’il s’agisse de raisons professionnelles ou personnelles, suggère qu’une règle de sécurité majeure a été négligée. Soit parce qu’il n’y a pas une séparation nécessaire entre ses discussions pro et perso, soit parce que tout son réseau professionnel dépend d’un seul téléphone. », ajoute ce spécialiste.

L’hypothèse du téléphone personnel ciblé a d’ailleurs été confirmé par le Parisien également. « Jean-Noël Barrot utilise en privé un smartphone de la marque Samsung sous Android » précisent nos confrères. C’est sur téléphone qu’il communique avec les responsables étrangers.

Selon les infos fournies au Parisien, le ministre des Affaires étrangères n’a pas été prévenu par son homologue du Bahreïn, surpris par un message douteux d’un « Jean Barrot ». Le contexte dans lequel le ministre a repéré le piratage reste encore flou.

De nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l’origine des attaquants, mais peu de réponses concrètes ont été apportées pour l’instant. Espérons qu’elles seront résolues avant l’arrivée d’un nouveau ministre.

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