Incontournable en cybersécurité, opportuniste pour les cybercriminels, l’intelligence artificielle (IA) s’affirme aussi au sein des forces de l’ordre. Alors que le Sommet de l’IA ouvre ses portes le 10 février et que le grand public peine encore à mesurer son potentiel, cette technologie est déjà utilisée concrètement par la gendarmerie pour combattre la criminalité. Lors du Cybershow Paris 2025, le général Patrick Perrot, coordonnateur IA pour la gendarmerie, nous explique comment l’intelligence artificielle a investi les ordinateurs des enquêteurs.
![Le général Patrick Perrot, Conseiller IA auprès du Commandement du ministère de l'Intérieur dans le Cyber Espace. // Source : Gendarmerie nationale Le général Patrick Perrot, Conseiller IA auprès du Commandement du ministère de l'Intérieur dans le Cyber Espace. // Source : Gendarmerie nationale](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/02/general-gendarmerie-1-1024x576.jpg?resize=1024,576&key=fc2df5f7)
Concrètement, comment la gendarmerie utilise l’Intelligence artificielle aujourd’hui ?
Général Perrot : Notre priorité est naturellement de lutter contre la cybercriminalité et l’IA peut épauler les gendarme dans cette mission. Je dirais qu’on est sur la phase de croissance d’implantation de ces appuis.
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Parmi les outils développés en interne, Odip (Outil de détection d’images pédopornographiques) devrait jouer un rôle clé dans la détection d’images pédopornographiques. Cette intelligence artificielle permet d’accélérer l’analyse des contenus sensibles tout en protégeant les enquêteurs en limitant leur exposition directe et éviter les traumatismes. L’outil classe les images sans les afficher et les convertis en données concrètes pour le gendarme. Odip est pour le moment en phase de test et à ce stade, le programme affiche un taux de 4 % de faux négatifs.
L’autre combat que l’on peut citer, c’est celui contre les deepfakes, à travers projet baptisé « AUTHENTIK IA ». Cela demande plus de temps et de développement puisque les méthodes évoluent aussi rapidement du côté criminel. Les succès peuvent donc varier en fonction des outils que l’on en emploie en face.
Comment vous développez ces outils au sein de la gendarmerie ?
Général Perrot : La plupart de nos programmes sont développés avec Ollama, une plateforme d’intelligence artificielle qui permet d’exécuter des modèles de langage directement sur l’ordinateur, sans connexion Internet. Nous complétons nos outils avec des solutions avec des outils français et européens. L’idéal serait évidemment de disposer d’un outil 100 % français. Toutefois, il est essentiel pour nous d’avancer sans attendre que le programme soit complètement finalisé, car en attendant, l’enquête pourrait déjà être résolue pendant que nous sommes encore en phase de développement.
La priorité est de déployer l’IA pour nous épauler dans nos enquêtes, mais en simultané, nous testons des modèles de langage pour assister les gendarmes dans leurs missions en ressources humaines et rendre plus simple la gestion de la documentation. L’IA a toute sa place dans ces tâches administratives, et il n’y a aucune raison de ne pas en tirer parti.
Vous craignez un effet dévastateur de l’intelligence artificielle ?
Général Perrot : Je n’ai pas une mauvaise opinion de l’IA. Elle a ses défauts, c’est vrai, et on voit à quel point elle est déjà exploitée par les cybercriminels : production massifiée de deepfakes, automatisation d’envoi de contenus frauduleux et on trouve même des chatbots malveillants fournis sur les forums illicites. La liste est longue.
Mais il faut aussi comprendre que l’IA est en capacité de repérer ses propres failles, voire de les anticiper et nous le signaler. De plus, elle aura aussi des effets d’optimisations dans de nombreux secteurs, l’administratif et l’enquête, mais aussi l’environnement et la recherche. Je suis persuadé que le citoyen en tirera forcément des profits.
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