Durant deux jours, les 10 et 11 février 2025, les grands noms de la tech française et mondiale se réunissent, le sourire aux lèvres, sous l’immense verrière du Grand Palais, à l’occasion du Sommet pour l’action sur l’IA. Entre les stands, nous croisons Xavier Niel (Free), Sundar Pichai (Google), Arthur Mensch (Mistral AI), Yann LeCun (Meta) et Clara Chappaz, la ministre en charge de l’IA et du numérique. Tous sont venus converser avec les officiels et autres entrepreneurs, avant de laisser la place à Emmanuel Macron, pour un discours rempli de promesses.
Les grandes annonces fusent dans les médias, entre alliances stratosphériques et investissements à coups de milliards. Mais, dans la salle de conférence du Grand Palais, l’atmosphère est plus prudente, et les sourcils se froncent.
![Le Grand Palais accueille le Sommet pour l'action IA. // Source : Numerama Le Grand Palais accueille le Sommet pour l'action IA. // Source : Numerama](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/02/pxl-20250210-0949488723-1024x576.jpg?resize=1024,576&key=7861b31b)
Guillaume Poupard, ancien directeur de l’ANSSI et actuellement directeur adjoint de Docaposte, anime une table ronde dédiée aux menaces de l’IA sur la démocratie. Entre deux rappels sur les dangers des deepfakes et des contenus automatisés, l’une des intervenantes stars, Meredith Whittaker, présidente de l’application Signal, lance : « Vos données ne sont pas à l’abri avec des IA. Ces masses de données sont constamment récupérées et analysées par quelques géants qui concentrent la majorité des technologies aujourd’hui. »
« Cela devient flou de parler d’IA »
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Meredith Whittaker enchaîne et frappe fort contre des projets, notamment en France, visant à intégrer des portes dérobées dans les services de messagerie, que les forces de l’ordre pourraient exploiter. « Lorsque j’entends des gouvernements parler de backdoors dans les apps de messagerie, à quoi pensez-vous ? N’avez-vous rien appris des récents piratages ? Vous pensez que seuls les gentils y auront accès ? », déclare la présidente de Signal.
Elle interroge ensuite la salle : « Qui connaît ici l’attaque de Salt Typhoon ? » Seules trois mains se lèvent dans l’auditoire. « Informez-vous alors sur ces menaces », lance-t-elle.
Interrogée par Numerama après son intervention, Meredith Whittaker reconnaît les avancées de l’IA et comprend les investissements dans ces technologies, mais réclame plus de clarté : « Au moment où l’on fait toutes ces grandes annonces, il faudrait à un moment dire clairement de quoi on parle lorsqu’on utilise le mot IA. Cela devient assez flou. »
![Meredith Whittaker, président de Signal. // Source : Princeton Meredith Whittaker, président de Signal. // Source : Princeton](https://c0.lestechnophiles.com/www.numerama.com/wp-content/uploads/2025/02/meredith-whittaker-1024x576.jpg?resize=1024,576&key=1e0a593b)
Edgars Rinkēvičs, président de la Lettonie, également présent sur scène, rappelle les menaces d’attaques hybrides, qui pourraient déjà cibler son pays. « Nous connaissons les détournements actuels de l’IA, mais j’imagine que certains pays belliqueux travaillent déjà sur des programmes visant à analyser les divisions électorales avant de lancer leurs campagnes de désinformation. Nous devrions nous concerter entre le monde civil, les entreprises et les gouvernements pour développer des solutions de détection et de protection, notamment face aux campagnes que l’on découvre sur TikTok ou Telegram », ajoute-t-il.
Des règlements en interne chez OpenAI
Pour l’instant, l’AI Act, un règlement européen sur l’intelligence artificielle, interdit certaines pratiques et permet à la justice de sanctionner les dérives. Bien que le texte reste encore vague, il encadre déjà dans les grandes lignes l’exploitation des émotions et l’identification biométrique. En pratique, la régulation de l’IA repose encore largement sur les limites que les développeurs de ces technologies choisissent de s’imposer. OpenAI, filiale de Microsoft, illustre bien cette démarche en ayant instauré une charte interne encadrant l’usage de l’intelligence artificielle.
Aujourd’hui, le ton n’est pas à la régulation, mais aux partenariats avec les géants de la tech. Pas moins de 109 milliards d’euros doivent être investis en France, par de grandes entreprises, notamment comme Amazon. Emmanuel Macron a néanmoins insisté devant les invités du salon : « L’intelligence artificielle doit avant tout servir l’humanité et contribuer à une meilleure qualité de vie. » Rendez-vous dans quelques années pour en juger.
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