Le mystère autour de la divulgation de données personnelles d’élus allemands s’éclaircit alors que le principal suspect a reconnu les faits et que les médias lèvent le voile sur ses méthodes.

La « plus grosse fuite de données de l’histoire allemande » commence à livrer ses secrets : apparue sur la scène médiatique le 3 janvier dernier, l’affaire comportait encore de nombreuses zones d’ombres. Aujourd’hui, les médias allemands commencent à brosser un portrait du hackeur ainsi que de ses méthodes et les forces de l’ordre ont annoncé l’interpellation du principal suspect.

Un jeune isolé

À Berlin ce mardi 8 janvier, l’office fédéral de police criminelle (BKA) a tenu une conférence de presse pour informer des suites de l’enquête concernant la fuite massive de données organisée par un individu courant décembre. Les forces de l’ordre ont annoncé l’interpellation du principal suspect âgé d’une vingtaine d’années, dans le land allemand de Hesse, au domicile de ses parents. Pendant sa brève détention, le jeune homme a avoué les faits qui lui étaient reprochés et a depuis été relâché. Georg Ungefuk, procureur chargé de l’affaire, a précisé qu’il avait certifié agir seul et selon des motivations politiques : « le suspect a affirmé être en colère contre les déclarations publiques des politiques, journalistes et personnalités ciblées ».

Image d'erreur

Chancellerie fédérale Allemande, 2010 Zairon

Il est désormais clair que le jeune homme responsable des fuites n’a pas attaqué une administration, mais bien plusieurs centaines de cibles, probablement une par une. Il aurait profité des données obtenues en ciblant des comptes Google et Apple, s’engageant ainsi dans une longue procédure qui pourrait s’étaler sur plusieurs années — certaines données publiées sur des youtubeurs dateraient ainsi de 2016.

Passionné par YouTube

Avant la révélation de l’arrestation du jeune homme, auprès du Süddeutsche Zeitung, un youtubeur nommé Tomasz Niemiec assurait connaître le hackeur derrière la divulgation des données personnelles des élus allemands. Niemiec, vidéaste, prétendait avoir échangé en ligne avec l’attaquant lorsque ce dernier a pris le contrôle du compte d’un youtubeur vedette outre-Rhin, Simon Unge. Le jeune homme confirme en outre avoir préalablement discuté avec l’attaquant. Les forces de l’ordre ont interrogé différents jeunes internautes entrés en contact avec l’attaquant comme Niemiec pour démasquer le responsable des fuites.

Par ailleurs, l’analyse des victimes semble confirmer le profil politisé du hackeur : non seulement les élus AFD (Alternativ für Deutschland) sont épargnés, mais des adversaires déclarés du parti d’extrême droite ont été ciblés en plus des youtubeurs et des élus allemands. Le quotidien de Munich observe que des victimes vidéastes de l’attaquant appartiennent à des courants progressistes et féministes. Tomasz Niemiec assurait que l’attaquant avait choisi ses cibles pour leur popularité sur YouTube, mais les profils progressistes touchés sont de faible notoriété.

Pour réduire la force de frappe du hackeur, les forces de l’ordre allemandes ont fait appel à la NSA selon le Bild. Afin de supprimer rapidement le compte Twitter créé par l’individu, le soutien de l’agence américaine aurait été nécessaire pour que l’entreprise agisse après avoir laissé en ligne le compte qui divulguait des liens vers les données volés pendant plusieurs semaines. Le Monde note que la découverte par le grand public des données volées, bien après leur publication mi-décembre, est par ailleurs dû non pas au compte Twitter du hackeur (@_0rbit), mais au piratage d’un compte possédé par une vedette de YouTube. Le jeune homme, que Thomasz Niemiec décrit comme passionné par le monde des vidéastes, s’en serait de nouveau remis à cette communauté pour gagner en visibilité.

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