Ce 9 janvier, au tribunal de Brooklyn, New York, le « baron » de la drogue mexicain Joaquin Guzman — plus connu sous le pseudonyme El Chapo — a vu sa vie privée inspectée et révélée par les enquêteurs. Ce mercredi, le très suivi procès du manitou de la drogue est revenu sur la technologie d’espionnage déployée par le narcotrafiquant et qui, ultérieurement, a grandement servi le FBI, apportant nombreuses preuves et enregistrements sur un plateau d’argent.
Un spyware, jouet d’El Chapo
En 2008, le chef de cartel décidait de s’entourer de Christian Rodriguez, un technicien informatique, qui se trouve alors en charge de développer un réseau de télécommunications chiffré pour les associés de Joaquin Guzman. Le technicien travaillera, selon les documents exposés par les enquêteurs, jusqu’en 2012 pour El Chapo. Durant ces années, par delà son travail de dissimulation informatique, il sera demandé à M. Rodriguez de truffer les smartphones des proches du trafiquant de logiciels espions. Selon le portrait brossé par sa femme, Emma Coronel Aispuro et surtout par sa maîtresse Augustina Cabanilla, Joaquin Guzman avait développé un usage névrotique de cet espionnage technologique.
Mme Cabanilla qui avait découvert le procédé se plaignait à ses amis de cette paranoïa grandissante dans les documents trouvés par les enquêteurs : « Je suis plus maligne que lui » a-t-elle écrit. Christian Rodriguez expliquera, lui, à la barre qu’il aurait entendu les associés d’El Chapo dire que leur patron traitait les technologies d’espionnage « comme [son] jouet ». Le technicien a également raconté que le chef de cartel utilisait les logiciels d’espionnage pour entendre ce que ses interlocuteurs disaient de lui une fois qu’il avait raccroché après un appel.
Installé sur une cinquantaine de smartphones, le logiciel espion utilisé par Rodriguez fournira au FBI de nombreuses preuves et au jury des informations d’ordre privées sur la vie de Joaquin Guzman. Christian Rodriguez sera en effet recruté par le FBI en 2010 selon le New York Times, pour livrer les clefs du réseau de télécommunications chiffré du cartel, puis les détails sur le spyware, FlexiSPY (auquel Le Monde a consacré un article), utilisé par El Chapo. Donnant lieu, ce mercredi, à des scènes peu conventionnelles pour un procès de narco-trafiquant durant lesquelles l’épouse et la maîtresse de M. Guzman ont dû entendre, l’une après l’autre, les correspondances privées auxquels se livrait le baron auprès des deux femmes.
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