WhatsApp, messagerie chiffrée de bout en bout, pourrait devenir compatible avec Facebook Messenger et Instagram. Au risque d’une perte du niveau de confidentialité de la messagerie star ?

Comme le rapportait le New York Times le 25 janvier, Facebook compterait unifier ses différentes messageries à savoir Messenger, Instagram et WhatsApp. L’entreprise n’a pas infirmé les informations du quotidien, déclarant même à The Verge : « Nous voulons créer la meilleure expérience de messagerie possible et les gens souhaitent que l’échange de messages soit simple, rapide, de confiance et privé ».

Chiffrement bout-en-train

Pour les utilisateurs et surtout pour l’entreprise qui gère différents services aux protocoles différents, une infrastructure unique et un fonctionnement partagé semblent faire sens. Néanmoins, pour certains experts en cybersécurité, ce changement majeur pourrait bousculer la qualité du chiffrement de WhatsApp.

Cette dernière, utilisée par plus d’un milliard d’utilisateurs, est une messagerie instantanée chiffrée de bout en bout depuis avril 2016. Cette infrastructure empêche en théorie l’entreprise, mais aussi les forces de l’ordre, de consulter le contenu d’une conversation. WhatsApp est par ailleurs souvent épinglée par des agences de renseignements qui, comme l’anglaise GCHQ, voudraient accéder aux messages échangés sur la plateforme.

« Cela veut-il dire que le niveau de chiffrement de ces trois services sera mis au niveau de WhatsApp ? »

Ce n’est pas le cas des autres messageries de Facebook : Messenger par exemple, ne propose pas par défaut un chiffrement bout en bout et les messages échangés sur la plateforme sont interceptés par l’entreprise — ce qui a permis à des partenaires commerciaux du géant, comme Netflix, d’accéder aux messages privés de milliers d’utilisateurs. Instagram ne propose aucune solution de chiffrement bout en bout.

Ainsi, pour unifier ces messageries et les rendre interopérables, il faudrait que l’entreprise fasse un choix : élever la qualité du chiffrement de toutes les applications ou abaisser la qualité du chiffrement de WhatsApp. Matthew Green, chercheur en cryptologie à l’Université John Hopkins de Baltimore s’en inquiète sur Twitter : « La vraie question est : cela veut-il dire que le niveau de chiffrement de ces trois services sera mis au niveau de WhatsApp ? Ou bien que le niveau de WhatsApp sera abaissé pour permettre la compatibilité ? »

Le chercheur soulève en outre que la multitude de fonctionnalités supportées par Instagram et Messenger — utilisable depuis un ordinateur, avec ou sans téléphone, sur plusieurs appareils etc. — qui pourraient rendre difficile l’adoption par ces dernières d’un chiffrement bout en bout. Toutefois, le fait que le chiffrement de Messenger, via une option, est désormais possible sur un ordinateur et plus uniquement sur mobile, comme l’existence d’une interface desktop de WhatsApp, pourraient accréditer les efforts de Facebook pour aller vers un chiffrement bout en bout universel sans perdre des fonctionnalités.

Facebook dit travailler à « chiffrer de bout en bout de plus en plus de ses produits de messagerie  »

En l’état, il faudra scruter la politique adoptée par l’entreprise pour obtenir des réponses définitives sur l’évolution de ses services et surtout de WhatsApp, messagerie à laquelle le grand  public fait encore massivement confiance. Toujours auprès de The Verge, Facebook a déclaré travailler à « chiffrer de bout en bout de plus en plus de ses produits de messagerie  » une déclaration qui pourrait présager une amélioration généralisée du chiffrement, sans être le mot de la fin.

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