L’amendement de la loi d’extradition proposé par le gouvernement hongkongais a mis le feu aux poudres à la région administrative spéciale il y a maintenant plusieurs mois. Depuis, les manifestations, parfois marquées par des violences et souvent sujettes à des arrestations, n’ont cessé de rythmer le quotidien de Hong Kong. Et pour contrecarrer les plans des protestataires, les cyberattaques ont occupé une place importante au beau milieu de cette impasse politique.
Comme le révèle Digital Attack Map, relayé par Bloomberg, le forum LIHKG a récemment essuyé une attaque par déni de service, plus communément appelé DDoS. Cette plateforme est utilisée par les manifestants pour organiser des rassemblements de masse dans les rues de Hong Kong. Pour rappel, son statut autonome lui confère une indépendance politique, législative, juridique et économique, mais non diplomatique.
Cyberattaques et propagande
Le fait est que les services de LIHKG ont de nouveau été mis sur pied quelques heures plus tard. Et bien qu’aucune attribution officielle n’ait été communiquée, les regards se tournent forcément du côté de Pékin, réfractaire face aux contestations observées. En juin dernier, le service de messagerie chiffré Telegram a été frappé par une cyberattaque massive lancée depuis l’Empire du Milieu.
Mais les intrusions informatiques ne sont pas les seules armes utilisées pour miner le mouvement contestataire. La désinformation et la propagande font aussi partie intégrante d’une stratégie plus globale cherchant à dégrader l’image des citoyens hongkongais. En août, Facebook et Twitter ont ainsi procédé à la suppression et la suspension de faux comptes : 936 profils bloqués et 200 000 autres neutralisés par le premier nommé, trois groupes et sept pages (suivis par plus de 17 7000 personnes, au total) supprimés par le second.
Surtout, le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg a mené une enquête selon laquelle « des liens avec des personnes associées au gouvernement chinois » ont été trouvés au cours des recherches. Son de cloche similaire chez Twitter : selon la plateforme à l’oiseau bleu, les agents chinois ont utilisé un VPN pour arriver à leurs fins. Car pour rappel, Facebook, Twitter et compagnie sont tout bonnement bloqués en Chine continentale, mais pas à Hong Kong.
L’administration Xi Jinping a poursuivi son offensive sur d’autres services mondialement connus : YouTube, en l’occurrence. Des publicités diffusées par la China Central Television, chaîne de télévision nationale sous le contrôle de Pékin, ont été aperçues au beau milieu de contenus vidéo disponibles sur la plateforme, décrivant les manifestants comme «des émeutiers violents ». De quoi toujours plus discréditer le mouvement pro-démocratie.
Une Chine impuissante ?
Plus globalement, ces exemples montrent à quel point les attaques informatiques et la désinformation s’immiscent dans la vie politique d’un pays ou d’une région autonome. Ici, Pékin se trouve forcément sous le feu des projecteurs : les services de renseignement du pays ont prouvé à maintes reprises leur capacité à frapper dans le cyberespace, en outrepassant même parfois certaines libertés fondamentales des citoyens du monde.
Pis, les principaux réseaux sociaux n’ont pas hésité à dénoncer et contenir leur stratagème de propagande en procédant à de multiples suppressions de comptes. Si l’utilisation de forum et de messagerie sécurisée permet aux manifestants de mettre en oeuvre des plans d’action de manière discrète et rapide, force est de constater qu’une logistique aussi structurée déplaît à certaines institutions.
Leur objectif semble alors clair : s’attaquer au « problème » le plus en amont possible pour tenter de déstabiliser de l’intérieur un mouvement à la force de frappe non négligeable. Et, en parallèle, dégrader l’image d’un mouvement contestataire illégitime à leurs yeux, car capable de tenir tête à des décisions politiques non voulues. Une technique pourtant insuffisante : mercredi 4 septembre 2019, l’exécutif a annoncé le retrait du projet de loi controversé.
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