La moitié de votre visage est couverte par un masque sanitaire ? Cette entreprise chinoise affirme qu’elle sera quand même capable de vous identifier sur les caméras.

Avec la diffusion de l’épidémie Covid-19, les Chinois ont très rapidement adopté le port du masque chirurgical. S’il ne protège pas son porteur contre la contamination, il est conseillé aux personnes malades pour réduire les risques de contaminer d’autres personnes.

Ces masques couvrent la quasi-intégralité du bas du visage : bouche, menton, mâchoire et une partie du nez. Pour les logiciels de reconnaissance faciale utilisés en masse par l’État chinois, c’est un vrai problème : les milliers d’images qu’il collecte ne sont pas toutes exploitables. Le problème est même double, puisque le gouvernement compte en partie sur cette technologie pour contrôler l’épidémie.

Image d'erreur

Le gouvernement chinois s’appuie massivement sur la reconnaissance faciale pour son système de surveillance. // Source : Capture de Black Mirror saison 3 épisode 1 sur Netflix

Pour contourner cette barrière visuelle, une entreprise chinoise partenaire du gouvernement affirme auprès de Reuters avoir ajusté sa reconnaissance faciale au port du masque. Dans un premier temps, Hanwang Technology (connu sous le nom Hanvon sur le marché occidental) utilise des capteurs de température pour repérer les visages sous les masques. Ensuite, il a ajusté son modèle de reconnaissance faciale pour identifier ces visages. « En moins d’une seconde, elle peut identifier toutes les personnes d’une foule de 30 personnes », promet le vice-président de l’entreprise, Huang Lei, interrogé par Reuters.

La reconnaissance faciale ajustée aux masques

Le fonctionnement de la reconnaissance faciale est relativement simple. Les chercheurs vont entraîner un modèle d’apprentissage profond (un sous-ensemble de l’intelligence artificielle particulièrement efficace dans le traitement d’images) avec de nombreuses images de visages. La machine va traduire certaines caractéristiques, comme la couleur des yeux, la forme de la mâchoire ou la largeur du nez en formules mathématiques. Une fois l’entraînement de l’intelligence artificielle terminé, l’entreprise dispose d’un modèle capable de transcrire les formes du visage en vecteurs et de les comparer à celles contenues dans la base. C’est ainsi que leur logiciel va pouvoir chercher les visages les plus proches possible.

95 % de réussite dans la reconnaissance faciale avec masque

Avant la crise, la technologie de reconnaissance faciale de Hanwang était entraînée à partir de 6 millions d’images sans masque, pour permettre de reconnaître toutes sortes de personnes dans une foule. Après le déclenchement de l’épidémie, l’entreprise a pris la décision d’ajuster son modèle. Pour y parvenir, elle a ajouté à sa base de données d’entraînement une autre base, bien plus petite, d’images de visages masquées. Puis elle a ensuite réentrainé son modèle.En somme, du fine tuning, une procédure très régulièrement utilisée en intelligence artificielle, pour adapter les modèles à certains usages ou corriger certains biais dans les résultats. Elle permet de construire une brique supplémentaire à partir de la technologie existante, plutôt que d’en créer une autre à partir de zéro.

Résultat : l’entreprise affirme n’avoir mis qu’un mois pour adapter sa reconnaissance faciale aux visages masqués, et la déployer dans la version commerciale de son logiciel. D’après elle, la reconnaissance est exacte dans 95 % des cas quand le visage est masqué, contre 99,5 % le reste du temps. Cette marge d’erreur est relativement grande vu l’usage fait de la technologie en Chine. Une fausse identification — un faux positif en termes statistiques — pourrait par exemple entraîner une baisse du score social attribué à chaque citoyen chinois, et faire perdre certains avantages à la personne confondue.

Rajoutez des lunettes, et la reconnaissance ne fonctionne plus

Une bonne nouvelle ? Pas pour tout le monde. Un des 200 clients de l’entreprise est le ministère chinois de la Sécurité publique, en charge de la police. Il applique le logiciel de Hanwang sur sa base de données et peut ainsi suivre les faits et gestes des Chinois grâce au réseau de caméras très développé. Le gouvernement peut ainsi s’assurer que les personnes contaminées par le virus restent en quarantaine, mais ils peuvent aussi s’en servir pour toutes sortes de mesures de répression. Il a par exemple été utilisé contre les protestataires de Hong Kong, qui ont dû utiliser toutes sortes de subterfuges pour échapper à la technologie, malgré des interdictions de se couvrir le visage.

Reste que ces logiciels ne parviennent pas encore à identifier correctement les porteurs de masques et de lunettes de soleil (une esthétique rare, certes). « Dans cette situation, toutes les informations faciales clés sont perdues. La reconnaissance devient alors très compliquée », concède Huang Lei à Reuters.

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