Zoom a retourné la situation en un mois. Le 4 avril, la ville de New York bannissait l’usage du logiciel de visioconférence pour les cours en ligne. Cette décision suivait un rapport du service de cybersécurité de la ville, qui appuyait sur les nombreux problèmes de sécurité de Zoom à l’époque.
Mais le 6 mai, le département d’éducation de la Ville a annoncé qu’il ré-autorisait le logiciel, et qu’il avait travaillé avec l’entreprise sur une version spécifique. Une victoire pour l’entreprise, qui prend la forme d’un nouveau contrat et marque la réussite de ses efforts pour améliorer ses fonctionnalités de sécurité. Les établissements de la Big Apple peuvent tout de même continuer à utiliser Google Meet et Microsoft Teams, également autorisés.
Zoom a fait des efforts et récolte une belle récompense
Le 1er avril, le PDG et fondateur de Zoom Eric Yuan a annoncé qu’il allait, pendant 90 jours, allouer l’intégralité des ressources de développement de l’entreprise au renforcement de sa sécurité. À l’époque, Zoom subit un léger contrecoup dans sa fulgurante croissance.
L’entreprise commence alors par parer au plus urgent, puis déploie une importante mise à jour le 22 avril, baptisée Zoom 5.0. Au programme : une nouvelle norme de chiffrement des échanges, un onglet de sécurité intégré au menu des hôtes de la réunion, un outil de signalement, la possibilité de choisir par quels pays passent les données, ou encore des paramètres par défaut (salle d’attente, partage d’écran, mots de passe…) rehaussés pour plus de sécurité…
Zoom a rapidement réagi, et a été récompensé : l’entreprise a annoncé que son logiciel accueillait quotidiennement plus de 300 millions de participants à ses réunions.
Les risques de « zoombombing » limités au maximum
Mais pour convaincre la ville de New York et son 1,1 million d’élèves, le logiciel a dû faire à nouveau un effort supplémentaire. D’après Chalkboard, l’entreprise a créé une version personnalisée de l’application pour satisfaire les exigences du département de l’éducation, en échange de quoi la ville a acheté une licence d’un an au logiciel, dont le montant n’a pas été communiqué.
Afin d’accéder à cette version alternative, les enseignants et élèves doivent se connecter à un compte spécifique, avec des paramètres prédéterminés : seuls les administrateurs de la réunion (c’est-à-dire les enseignants) ont l’option de partage d’écran, les étudiants ne peuvent pas inviter d’autres personnes dans la conversation, et une personne expulsée de la réunion ne pourra pas être réautorisée par une autre personne que l’hôte. De quoi éviter les risques de « zoombombing » et soulager les professeurs peu à l’aise avec l’outil, qui n’allaient pas creuser les paramètres de sécurité.
Les écoles, un canal de développement pour les entreprises de visioconférence
En plus de marquer le succès de sa stratégie de sécurité, ce contrat avec la ville de New York est aussi un bon signe pour le développement commercial de Zoom. Depuis le début du confinement, la stratégie de l’entreprise américaine pour s’imposer sur le marché passe par les écoles. Zoom a décidé dès les premières mesures de confinements dans les pays occidentaux, fin février, de lever — pour les écoles qui le souhaitait — la limite de 40 minutes de réunion qui entrave les comptes gratuits.
Une façon d’aider des établissements peu préparés à la situation exceptionnelle sur le court terme, tout en les orientant à terme vers son offre « éducation », à partir de 150 euros par mois. Sur son site, Zoom indique que 17 000 écoles souscrivent à cette offre. Mais grâce à son geste commercial, l’entreprise revendique aujourd’hui que plus de 90 000 établissements dans 20 pays ont fait appel à son logiciel (le plus souvent gratuitement, donc).
En France, les enseignants composent avec la version gratuite
Certains de ses concurrents ont adopté la même stratégie, mais la fluidité et les fonctionnalités de Zoom lui ont permis de rapidement s’imposer. Cette même facilité d’utilisation a aussi poussé certains enseignants de New York à regretter son bannissement, et d’autres à continuer de l’utiliser.
En France, l’Éducation nationale laisse les enseignants utiliser les logiciels de leur choix s’ils souhaitent assurer des classes virtuelles. Elle met à disposition le logiciel de visioconférence du Cned (accessible gratuitement donc), mais de nombreux professeurs se sont également tournés vers l’offre gratuite de Zoom, alors que Google Meet est également passé en non payant après plus d’un mois de confinement.
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