L’application iWatch Dallas de la police locale a subi une forme de cyberattaque plus qu’originale : un déni de service (ou DDoS), orchestré manuellement depuis les réseaux sociaux, par les nombreux fans de K-pop.
Tout a commencé lorsque la police de Dallas a lancé un appel à l’envoi de vidéos « d’activités illégales » menées par les manifestants, sur son compte Twitter, le dimanche 31 mai. Comme dans de nombreuses villes américaines, les manifestants qui rendent hommage à George Floyd se confrontent aux forces de l’ordre.
La police incitait ses abonnés à poster sons, photos et vidéos des protestataires sur iWatch Dallas, une app lancée en octobre 2019. Le contenu déposé sur l’outil atterrit dans les mains des forces de l’ordre, qui peuvent décider de l’exploiter pour leurs enquêtes.
Cet appel à la dénonciation n’est pas passé inaperçu. Plusieurs comptes de fans de K-pop, repérés par Buzzfeed, ont relayé une demande d’un petit compte, suivi par quelques centaines de personnes. Il appelait la communauté, la « K army », à se mobiliser pour inonder l’application (et par la même occasion le compte Twitter de la police) de vidéos de leurs stars préférées.
https://twitter.com/BJester00/status/1267228393017413633
Opération réussie. Le lendemain, le département de Police s’exprimait : « en raison de difficultés techniques, l’app iWatch Dallas va être temporairement indisponible. » L’organisation n’a pas précisé si cette mise hors ligne était due à une saturation des serveurs sous le nombre de contenus envoyés ou à un choix afin de ne pas être inondé de vidéos inutiles. Le site de la police est également tombé pendant plusieurs heures.
La police de Dallas renouvelle son appel à utiliser l’app
L’app est de nouveau en ligne depuis le 2 juin, comme l’a repéré le Dallas News. Mais entre temps, iWatch Dallas a également eu un traitement de faveur sur l’App Store, où elle affiche désormais 1 étoile sur 5 — le classement le plus bas — sur plus de 2 400 avis. Les notes sont accompagnées de divers de messages : paroles de chansons de K-pop, prétendues alertes au virus ou encore textes humoristiques.
Comme le relève Arstechnica, la police de Dallas s’est félicitée samedi 30 mai d’avoir arrêté 74 personnes, qui seront jugées pour « incitation à l’émeute ». Un couvre-feu a été mis en place, tandis que la cheffe de la police locale affirmait qu’elle « ne tolèrerait pas plus de vandalisme dans la ville. »
Quelle place pour la technologie dans la répression policière ?
Dans un communiqué au site américain envoyé ce 2 juin, le département de police invitait à nouveau les citoyens à utiliser son app de dénonciation : « À la minute où vous cliquez sur ‘envoyer’, l’information est immédiatement transmise à notre Real Time Crime Center, où des agents analysent votre message et prennent des dispositions si nécessaire. »
Les manifestations et émeutes ont démarré le 25 mai, à la suite de la mort de George Floyd, un homme noir dont l’arrestation par des policiers blancs a été filmée. Pendant plusieurs minutes, l’officier de Minneapolis a appuyé son genou contre la gorge de Floyd, malgré qu’il ait crié à plusieurs reprises qu’il ne pouvait plus respirer. Floyd a perdu conscience lors de l’arrestation, puis est décédé en garde à vue.
Depuis, les heurts se multiplient entre les manifestants et la police. Et les forces de l’ordre, comme à Dallas, n’hésitent pas à mobiliser des outils technologiques. La police de Minneapolis, où se trouve l’épicentre de la contestation, est d’ailleurs une cliente de l’app controversée de reconnaissance faciale Clearview.
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