En août 2019, un couple de quinquagénaires américains a subi une campagne de cyberharcèlement d’une violence inouïe, orchestrée par six employés d’eBay avec l’aval de leurs dirigeants. Leur tort ? Avoir publié sur leur site ecommercebytes.com des avis sur les services d’eBay trop négatifs sur au goût des harceleurs.
« ll s’agissait d’un effort déterminé et systématique de la part des cadres supérieurs d’une grande entreprise pour détruire la vie d’un couple, tout cela parce qu’ils publiaient du contenu que les dirigeants de l’entreprise n’aimaient pas », a annoncé l’avocat Andrew Lelling lors d’une conférence de presse tenue le 15 juin.
Le communiqué de presse du ministère de la Justice américaine, qui détaille les méthodes utilisées par les employés d’eBay a été relayé par plusieurs médias, dont Wired. Les harceleurs sont poursuivis pour cyberharcèlement avec préméditation, et pour tentative de soudoiement des témoins. Ils risquent jusqu’à cinq ans de prison, 250 000 dollars d’amende chacun, et le versement d’intérêts aux victimes.
Des dirigeants d’eBay à l’origine du cyberharcèlement
La justice attribue l’initiative de la campagne de cyberharcèlement à un dirigeant dont le nom n’est pas précisé par la justice. Mais d’après Wired, il s’agit du CEO de l’entreprise à l’époque, David Wenig. Il aurait ordonné à James Baugh, le directeur de la sécurité de l’entreprise, de « descendre » le couple d’éditeurs, à cause de leurs mauvaises critiques. Ce dernier aurait ensuite lui-même élaboré la vague de harcèlement au cours de plusieurs réunions d’entreprise avec cinq autres employés.
Il y est décidé que le groupe de cybercriminels en devenir utiliserait plusieurs canaux en simultané pour harceler leurs victimes : des envois de menaces anonymes et de spam, des livraisons d’objets glauques sous fond de menace de mort, et la publication en ligne des informations personnelles du couple, dont leur adresse. La campagne débute le 7 août, et s’étalera sur les deux semaines suivantes.
La carotte et le bâton pour des avis positifs sur eBay
Parmi les objets envoyés au domicile des victimes en l’espace de 4 jours, la justice liste : un masque de cochon ensanglanté, un lot d’araignées vivantes, un lot de cafard, un bouquet livré par une entreprise funéraire ou encore le livre Grief Diaries: Surviving the Loss of a Spouse [Journal d’un deuil : survivre à la perte d’un époux]. Les livraisons sont accompagnées de nombreux messages depuis un compte Twitter anonyme, comme « EST-CE QUE J’AI VOTRE ATTENTION MAINTENANT???? » ou « Tu as reçu mes cadeaux, salope !!?? ».
En parallèle de cette explosion de violence, les employés d’eBay ont essayé à plusieurs reprises de se présenter en chevalier blanc, capables de venir en aide aux victimes. D’un côté, ils essayaient de faire taire les avis négatifs par la menace, de l’autre, ils tentaient de générer une opinion positive d’eBay de la part du couple d’éditeurs.
La campagne de harcèlement a été financée par eBay
Mais le couple n’est pas au bout de ses peines. Après cette première vague de harcèlement à distance, les employés décident d’agir au plus près. Ils traversent les États-Unis depuis la Californie pour rejoindre Boston, puis conduisent jusqu’à Natick, la petite ville de 36 000 habitants où vivent les époux. Ils commencent par installer un traquer GPS sur la Toyota des victimes, en forçant l’entrée de leur garage. C’est David Harville, directeur de la résilience à l’époque, qui aurait acheté tout le nécessaire pour commettre l’infraction. La police locale, avertie par les victimes, fait fuir les harceleurs un soir où ils suivaient la Toyota depuis leur voiture de location.
Les employés arrêtés après un mois de harcèlement
Malgré l’attention portée aux victimes par les forces de l’ordre, le harcèlement continue : un plombier est dépêché au domicile des victimes en pleine nuit, des annonces pour des orgies à l’adresse des victimes sont postées sur Craiglist (l’équivalent américain de LeBonCoin), ou encore un faux vide-grenier est organisé. Mais cette fois-ci, la police locale, qui a prévenu le FBI, parvient à remonter aux malfaiteurs, grâce à la plaque d’immatriculation de leur véhicule de location et à certains de leurs achats en ligne. En septembre, tous les employés concernés étaient mis à pied par eBay, et le CEO David Wenig démissionnait dans la foulée.
Les harceleurs ont facturé l’entreprise pour leurs méfaits : des nuitées à l’hôtel de luxe Ritz-Carlton de Boston au matériel de surveillance, en passant par les envois de colis ou encore une note de restaurant de 750 euros pour le repas de trois des malfaiteurs.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !