« Internet pour les personnes, et non pour le profit. » Le slogan de Mozilla, l’éditeur du navigateur Firefox, va devoir cohabiter avec une autre réalité : le besoin urgent de l’entreprise de dégager plus de revenus.
Le 11 août, Mozilla Corporations a annoncé un plan de licenciement de 250 personnes dans un billet de blog signé par sa CEO, Mitchell Baker. La dirigeante blâme le Covid-19 pour justifier la coupure d’environ 25 % des effectifs de l’entreprise. Mais même avant la pandémie, le groupe était sur la pente descendante et avait dû licencier 70 employés en janvier.
Pour se sortir du cercle vicieux, Baker veut insister sur le « nouveau focus sur les produits » de l’entreprise. Dernier en date : Mozilla VPN, dont le lancement effectué en juillet 2020 est pour l’instant limité à quelques pays. À 4,99 dollars par mois, le VPN va tenter de se faire une place sur un marché très concurrentiel, qui compte déjà une petite dizaine d’acteurs. Mozilla espère s’imposer grâce à sa marque. « Une sécurité sur laquelle vous pouvez compter. Un nom dans lequel vous pouvez avoir confiance », promeut-il.
Parmi les 250 personnes licenciées se trouvent majoritairement des développeurs qui travaillaient sur le projet Servo (un moteur de rendu expérimental) et l’équipe de réponse aux incidents de sécurité de l’entreprise.
Mozilla n’a donc plus d’équipe dédiée à la gestion et l’anticipation d’éventuelles cyberattaques. En revanche, ZDNet précise que l’équipe de sécurité chargée de réparer les bugs sur les produits Mozilla est encore en poste.
Dans un communiqué adressé à Numerama, l’entreprise précise : « Mozilla a restructuré certaines des fonctions de sécurité au sein de l’ensemble de son organisation afin de mieux garantir la sécurité de Mozilla et de ses utilisateurs et utilisatrices. Certains postes ont été supprimés à la suite de cette décision difficile, toutefois les équipes responsables de la sécurité du navigateur Firefox et des services Firefox n’ont pas été impactées. »
Mozilla trop dépendant de Google
Aujourd’hui, la quasi-totalité des revenus de Mozilla provient de contrat avec des moteurs de recherche comme Baidu en Chine, Yandex en Russie, et surtout Google. Ces partenariats permettent aux moteurs de recherche d’être sélectionnés par défaut sur le navigateur web Mozilla Firefox.
Ce modèle économique présente un énorme problème : il est trop dépendant d’une poignée de clients. Mozilla est aujourd’hui pendu à la décision de Google de renouveler ou non son contrat, qui expire à la fin de l’année. D’après ZDNet, il représente à lui seul environ 90 % des revenus de Mozilla.
Si l’entreprise californienne décide de ne pas renouveler le contrat, elle porterait donc un coup critique à Mozilla. Pour rappel, Google développe Chrome, un navigateur concurrent de Firefox, qui dispose de nombreuses synergies avec les services du groupe.
C’est pourquoi Mitchell Baker met les bouchées doubles sur le développement de produits intégrés à Firefox : en plus de son VPN, Mozilla a lancé le service de discussion en réalité virtuelle Hubs, et racheté l’app de curation Pocket. Elle prévoit aussi de lancer d’autres services relatifs à la sécurité et à la vie privée, pour tirer profit de son image de marque. Elle a pour cela recruté des équipes dédiées au design et à l’expérience utilisateur. Ce virage arrive-t-il trop tard ?
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !