En ce début d’année 2021, Elon Musk a décidé de faire part publiquement de prises de position sur les cryptomonnaies. Comme d’habitude, ses fresques passent par son compte Twitter, son canal de communication favori, sur lequel il est suivi par plus de 45 millions d’abonnés.
Pour commencer, le 29 janvier, l’homme d’affaires a ajouté un « #bitcoin » à la description de son compte. Il n’en fallait pas plus pour que les investisseurs y voient le signal d’une montée du cours de la cryptomonnaie. Bingo : le cours du bitcoin effectuait un bond de +20 % dans les heures suivantes, à plus de 31 000 dollars, avant de retomber.
Dans la foulée, le milliardaire prenait la parole sur ClubHouse, le réseau social vocal prisé par le monde de la tech et par les investisseurs. Fait rare, la salle (virtuelle) affichait complet : toutes les oreilles étaient tendues vers la parole d’Elon Musk sur le sujet.
Trois jours après cette sortie médiatique — et alors qu’il avait une nouvelle fois annoncé qu’il arrêterait de tweeter, mais aussi de s’exprimer sur les cryptomonnaies –, le fondateur de Tesla et SpaceX a publié une suite de messages erratiques sur le DogeCoin, une autre cryptomonnaie. Avec le même résultat : le cours du DogeCoin augmentait de près de 50% dans les heures suivantes, tout en restant éloigné de son pic historique réalisé une semaine auparavant, en pleine affaire WallStreetBets.
S’il faut retenir une chose de ces sorties médiatiques d’Elon Musk, c’est bien que des milliers de personnes l’écoutent, et réagissent immédiatement à ses propos sur les cryptomonnaies. Ce détail n’a pas échappé aux arnaqueurs, qui profitent de sa popularité, parfois proche de celle d’un gourou, pour arnaquer les débutants en cryptomonnaie. Il suffit d’aller dans les commentaires de ses publications pour trouver des exemples des phishings et autres pièges imaginés par les malfaiteurs.
Bien que son image soit abondamment usurpée, le milliardaire s’abstient de faire de la prévention, et habitue sa communauté à des messages excentriques sur le sujet.
Je suis Elon Musk, donnez-moi des bitcoins
Les malfrats n’ont pas attendu que l’homme d’affaires s’empare du sujet pour usurper son identité. Dès 2018, de premières campagnes d’arnaques apparaissent, notamment sur Twitter. Le mode opératoire est simple : les malfaiteurs piratent un compte vérifié (ou en achètent un déjà piraté), un de ces comptes adoubés d’un marqueur bleu par la plateforme. Puis ils le renomment en « Elon Musk », et affichent la même photo de profil que celle de son compte. Si les victimes ne prêtent pas attention au « @ » du compte, à son nombre d’abonnés ou à son fil de publications, ils peuvent croire qu’il s’agit du vrai compte du milliardaire.
Ensuite, ces comptes prétendent que le milliardaire est d’humeur généreuse, et qu’il doublera toute somme qui lui sera envoyée en bitcoin à une certaine adresse. Une sorte d’investissement à court terme, garantie uniquement par un tweet prétendument écrit par Elon Musk. Présentée ainsi, l’arnaque vous paraît probablement évidente : qui enverrait de l’argent à une adresse anonyme, sans aucune garantie de retour ? La réponse : beaucoup, beaucoup, de personnes. Comme le rappelle le Bleeping Computer, une campagne du genre avait permis à des arnaqueurs de récolter l’équivalent de 180 000 dollars en 2018. En janvier 2021, le schéma fonctionnait toujours, et même mieux que jamais : les malfaiteurs ont empoché plus de 587 000 dollars en bitcoin.
Quand les arnaqueurs n’imitent pas directement Elon Musk, ils prétendent avoir eu une discussion publique sur Twitter avec lui, (fausse) capture d’écran à l’appui. Ou encore, ils publient sous ses publications des liens de phishings vers de faux portails de connexion à Binance ou Coinbase, des plateformes de gestion de cryptomonnaies.
Dans ce contexte, imaginez donc le jackpot réalisé par le hacker de Twitter, en juillet 2020, qui était parvenu à détourner un outil de modération du réseau social pour prendre le contrôle de plusieurs comptes populaires, dont celui d’Elon Musk. L’arnaque fonctionnait tellement bien que Coinbase avait dû prendre des mesures exceptionnelles pour isoler le portemonnaie frauduleux.
Mais l’utilisation de l’identité de l’homme d’affaires par les malfrats va au-delà de son réseau social préféré. Par exemple, lorsque des hackers prennent la main sur des comptes YouTube vérifiés à l’aide de faux partenariats, ils s’en servent aussi pour diffuser des arnaques aux cryptomonnaies. Ils renomment la chaîne avec une sélection de mots parmi « Space X », « Tesla », « BTC » et « Elon Musk », puis diffusent en continu une vidéo de promotion de l’arnaque.
Et si l’homme d’affaires influent continue ses sorties médiatiques sur les cryptomonnaies, et que ses adorateurs continuent à suivre la moindre de ses paroles, malheureusement, ce genre d’arnaques continuera à pulluler.
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