Alors que l’alliance des Five Eyes, union des services de renseignement anglophones, continue sa campagne de lobbying contre Huawei, sous l’impulsion de Washington, l’Europe augmente elle aussi la pression à l’encontre du constructeur chinois. Ce dernier, que nous rapportions mobilisé outre-Rhin pour rassurer sur ses intentions, se trouve de nouveau accusé de malhonnêteté à l’intérieur de l’Union européenne. En effet, le commissaire européen au marché unique du numérique, Andrus Ansip a confirmé lors d’une conférence de presse à Bruxelles ses inquiétudes sur le rôle de Huawei en Europe.
Inquiétudes réelles ou supposées
L’Estonien a déclaré à la suite d’une opération judiciaire américaine ayant pris place au Canada : « Devons-nous être inquiets face à Huawei et d’autres entreprises chinoises? Oui, je pense que nous devons être inquiets face à ces entreprises » selon Reuters. L’homme fort du numérique en Europe a également mentionné la construction supposée par l’entreprise chinoise de puces intrusives et qui pourraient servir à des fins d’espionnage, des inquiétudes que M. Ansip a formulées en « simple citoyen ».
La mise en garde du commissaire poursuit une période d’incertitude pour Huawei en Occident. En Allemagne néanmoins, la situation s’est dénouée : le ministère de l’Intérieur a rejeté l’idée d’exclure l’équipementier des discussions sur l’installation de la 5G. En France, Bruno Le Maire a réaffirmé un tiède soutien à l’entreprise : il a rappelé que les investissements chinois étaient bienvenus, mais que toutes questions touchant les infrastructures critiques seraient supervisées par le gouvernement.
La Belgique souhaite obtenir son propre avis documenté sur les véritables risques que prennent les opérateurs en utilisant les équipements chinois.
C’est en Belgique que de nouvelles et inattendues critiques contre Huawei ont été portées : le Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB) envisage de prendre des dispositifs pour sécuriser les infrastructures achetées par les opérateurs. Dans l’Écho, le CCB explique : «Nous avons récemment demandé, via des canaux nationaux et internationaux, des études objectives qui démontrent que l’utilisation de la technologie de Huawei comporte des risques ». À terme, la Belgique souhaite obtenir son propre avis documenté sur les véritables risques que prennent les opérateurs en utilisant les équipements chinois.
Ailleurs, d’autres alliés américains prennent parti dans cette crise de confiance : le Japon a dévoilé ce mois-ci une législation qui donnera au gouvernement le droit de bouter des équipementiers suspects hors de son territoire. Sans nommément cibler ZTE et Huawei, le gouvernement de Shinzo Abe ne laisse pas de doutes sur les victimes de cette législation nouvelle.
Les constructeurs Ericsson et Nokia, pris de court par les prix agressifs des équipementiers chinois dans les années 2000, bénéficieront largement de ces décisions politiques. À quelques mois des premiers déploiements des équipements 5G, la crise de confiance avec Huawei prend des airs de guerre économique.
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