C’est peut-être le tout premier évènement cyber lié à la guerre entre l’Ukraine et la Russie qui s’est déroulé dans l’espace. En tout cas, le premier évènement cyber qui saute aux yeux du grand public. L’entreprise américaine Viasat, qui opère depuis avril 2021 le satellite Ka-Sat, a annoncé le 28 février 2022 avoir subi une panne partielle qui pourrait être le fruit d’une cyberattaque.
Au site Via Satellite, l’entreprise a indiqué enquêter et suivre cette hypothèse, et « identifier la cause profonde » de cette perturbation survenue fin février sur Ka-Sat. « Nous prenons des précautions supplémentaires sur le réseau pour prévenir d’autres impacts pendant que nous tentons de rétablir le service pour les clients affectés », a ajouté l’opérateur.
Une connexion qui s’effondre le jour de l’invasion
Une chute brutale de la connectivité avait été relevée dès le 24 février par NetBlocks, qui pilote un observatoire de la liberté d’accès à Internet (et qui suit de très près ce qu’il se passe en Ukraine, en recensant les interruptions qui touchent les sites et les internautes). Alors que la connectivité est d’ordinaire à plus de 80 %, elle est tombée à 20 % le jour de l’invasion russe.
Ka-Sat a pour particularité de fournir une connexion à Internet par l’espace — comme Starlink. L’engin, qui appartenait autrefois à Eutelsat, est déployé en orbite depuis mai 2011. Il fournit une connexion en haut débit (90 Gbit/s de capacité, avec un débit descendant jusqu’à 50 Mbit/s) pour la Méditerranée et l’Europe et, donc, l’Ukraine.
Il s’agit pour l’heure du seul satellite de la flotte de Viasat à avoir été affecté. Aucun autre opérateur n’a pour l’instant rapporté publiquement un évènement similaire. Mais pour les internautes qui dépendent de Ka-Sat, l’évènement cyber a eu des effets très concrets — y compris en France, ce que rapportait Le Figaro dès le 28 février.
L’entreprise française NordNet, qui fournit des solutions d’accès à Internet par radio, par fibre optique et par satellite, signalait dès le 24 février « un dysfonctionnement général sur le service de connexion par satellite Ka-Sat ». Mais à l’époque, il n’était pas encore question d’une perturbation causée par ce qui s’apparente à une action offensive sur le satellite.
L’incident, en tout cas perdure : un autre message paru le 1er mars signale que « certains de nos abonnés sont privés de connexion Internet par satellite ». NordNet confirme qu’il s’agit d’un « incident technique chez notre fournisseur Viasat », mais l’opérateur ne s’aventure pas à chercher à le qualifier. En réponse, quelques clients ont fait part de leur désarroi.
Quelle est l’ampleur de l’interruption ? NordNet compte 1,1 million d’abonnés, selon des chiffres de 2019, mais le nombre de victimes est nettement moindre : Le Figaro évoquait une dizaine de milliers d’internautes privés de connexion. Il reste à savoir quand Viasat pourra rétablir une liaison convenable : au septième jour du conflit, ce n’était toujours pas le cas.
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