Autant que les tanks, les avions de chasse ou les hélicoptères de combat, les drones sont désormais une arme de guerre commune, que la population se doit de connaître. Leur utilisation durant ce conflit armé entre la Russie et l’Ukraine confirme une fois de plus leur place essentielle dans l’arsenal d’une armée moderne. Pas une semaine ne passe sans que l’on recense de nouveaux morts causés par ces robots volants. Mais tout comme pour les blindés ou l’aviation, le terme de drone enveloppe une multitude d’appareils avec des fonctions bien variées, de la reconnaissance de terrain à la destruction de char d’assaut.
Numerama vous dresse une liste, simple à comprendre, des drones de combats et leur utilisation récente dans la guerre actuelle.
Le drone tactique armé, prêt à tuer
Autant commencer par la mission plus connue, celle de neutraliser. Les appareils qui emportent des munitions ne constituent qu’une minorité de l’arsenal déployé, mais sont les plus médiatisés, notamment parce qu’il est possible de capturer et partager une image de frappe. Généralement ce sont des modèles de grande taille, plus de 10 mètres d’envergure de catégorie MALE (altitude moyenne longue endurance) capable de voler jusqu’à 24h et de monter à plus de 5km d’altitude. Le guidage laser leur permet de frapper avec une haute précision.
Le drone Bayraktar TB2
Le fameux Bayraktar TB2, fabriqué l’entreprise turc Baykar Makina, est rapidement devenu le modèle le plus populaire dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie. « Il coute entre 4 et 5 millions de dollars à l’unité, peut se déplacer jusqu’à 200 km/h et monte jusqu’à 7km d’altitude. On peut le commander depuis un camion, ce qui permet un déploiement assez mobile et facile », nous détaille Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l’Ifri.
« Ce n’est pas un modèle exceptionnel, comparé à d’autres appareils américains par exemple, mais il est reconnu comme efficace, moins cher à l’achat et à l’emploi ». Le Bayraktar TB2 embarque jusqu’à quatre missiles à guidage laser Roketsan MAM de fabrication turque. D’un poids maximum de 15 kilos, ils servent à neutraliser les véhicules blindés à plusieurs kilomètres de distance.
L’Ukraine a commandé une vingtaine d’appareils avant le début de la guerre. La Russie prétend en avoir détruit trente-cinq, soit plus que l’arsenal officiel. « Selon les sources, on constate deux pertes côté ukrainien pour l’instant », nuance Léo Péria-Peigné. Les Ukrainiens ont d’ailleurs largement diffusé, sur les réseaux sociaux, les vidéos de frappes sur des colonnes de blindés russes. Le fabricant turc Baykar peut s’en frotter les mains.
L’Orion
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Les russes peuvent compter sur leur propre modèle, l’Orion, légèrement plus efficace que son concurrent turc en terme de statistiques pures : 8km d’altitude maximum avec des munitions qui peuvent monter jusqu’à 50kg. La Russie n’a que très peu communiqué sur l’utilisation de ses drones de type MALE. Une première vidéo de frappe a été partagée sur le compte Twitter du ministère de la défense russe le 4 mars.
Le drone tactique de surveillance, l’espion des airs
Le repérage, l’inspection et l’espionnage constituent souvent la mission première d’un drone. On distingue des drones ISR (Intelligence – Surveillance – Reconnaissance) de taille classique ne dépassant pas les trois mètres d’envergure, des nano-drones qui tiennent dans la paume d’une main.
« Un des usages notoires durant cette guerre, c’est leur aide dans l’acquisition d’une cible », nous explique Joseph Henrotin, chercheur à l’Institut de Stratégie comparée. « Tout se joue en temps réel. Le drone peut rester au-dessus de l’emplacement désiré. Évidemment, l’appareil permet d’aiguiller la précision de frappe des missiles en offrant des coordonnées précises. Pour les Ukrainiens, lorsqu’ils sont en position défensive, ils peuvent prévoir les déplacements de l’ennemi et agir en fonction. »
La Russie produit des drones ORLAN depuis une dizaine d’années. Ce modèle ressemble à une mini-avion à hélice, vole à des vitesses comprises entre 90 et 150 km/h, jusqu’à à 5 km d’altitude et pour une durée maximale de 18 heures. Il emporte un appareil photographique, une caméra, ainsi qu’un capteur infrarouge pour transmettre des informations jusqu’à 120 km de distance. C’est l’appareil le plus courant dans l’armée russe.
L’utilisation de drone civils détournée à des fins militaire est suffisamment importante pour être souligné. Côté russe comme ukrainien, des drones d’ordinaire utilisés pour le loisir servent de moyen de reconnaissance aux militaire. Numerama a été en mesure de prouver que des régiments tchétchènes se servent d’onéreux modèles de la marque chinoise à partir d’une vidéo diffusée sur une chaine Telegram russe.
Quant à l’armée ukrainienne, elle accepte volontiers tous les achats et offres de drones civils. L’agence AP rapporte qu’un entrepreneur qui dirige un magasin d’électronique à Kiev a écoulé son stock de 300 drones fabriqués par la société chinoise.
Les drones à usage mixte, la frappe opportuniste
De nombreux modèles peuvent à la fois surveiller et attaquer l’ennemi si l’occasion vient à se présenter. L’invasion de l’Ukraine est l’occasion pour les Russes de tester ses appareils dit « suicide », qui foncent s’écraser directement contre une cible lorsqu’ils les remarquent.
Le KUB-BLA
Fabriqué par l’entreprise Kalachnikov, le KUB-BLA, avec une envergure de 1,2 mètre ressemble à un petit avion de chasse sans pilote. Il est tiré à partir d’un lanceur portatif, traverse le ciel jusqu’à 130 km/h pendant 30 minutes et emporte un explosif de 3 kilos. Quelques images sur le terrain montrent néanmoins que ce modèle souffre de soucis techniques et explose parfois avant d’avoir atteint sa cible.
Le Switchblade 300
Les Etats-Unis, en réponse aux Russes, auraient fourni aux Ukrainiens, une centaine de leur propre modèle « kamikaze ». Le Switchblade 300 est plus petit que son concurrent russe, ne pesant que 2,7 kg pour une longueur de 1 m. Il file à plus 150 km, pour une durée de vol d’une quarantaine de minutes et contient un charge explosive de la taille d’une grenade, utile contre les blindés.
À noter, encore une fois, l’utilisation de drones civils par les Ukrainiens qui sont parvenus à les transformer en arme létale. Une unité s’est chargée de bricoler ces appareils en les équipant de bombes légères de 1,5 kg que le pilote peut larguer sur les ennemis. Ce bricolage a déjà fait ses preuves dans la région de Kiev, rapporte le Guardian.
« La connexion avec les drones a longtemps été une incertitude pour l’armée ukrainienne, puisqu’il suffit de couper ce lien entre le pilote et l’appareil pour que celui-ci soit neutraliser », précise Joseph Henrontin. « La guerre montre pour l’instant que les Russes ne parviennent pas à brouiller les liaisons et ont été très peu actif sur ce domaine, et inversement les Ukrainiens.»
Selon le Times, les drones ukrainiens profitent de la connexion au réseau satellite Starlink d’Elon Musk et seraient donc mieux protéger contre une cyberattaque. Les géants américains de la tech sont au service des Ukrainiens dans cette guerre.
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