On s’en doutait, mais c’est désormais officiel. Ce 10 mai 2022, l’Union européenne, les États-Unis ainsi que le Royaume-Uni accusent les autorités russes d’avoir mené une cyberattaque contre un satellite européen. Le réseau lié à l’appareil était mystérieusement tombé en panne le 24 février dernier, le soir de l’invasion russe de l’Ukraine.
Le Kremlin est rapidement devenu le premier suspect puisque ce satellite baptisé Ka-Sat est utilisé pour les communications de l’armée ukrainienne. L’armée russe aurait voulu semer le trouble avant de lancer ses premières frappes.
Sauf que l’appareil fournit aussi un accès internet à des particuliers. Des clients des opérateurs spécialisés Nordnet (filiale de Orange) et Bigblu ont été touchés par ces perturbations et certains dommages ont rendu le matériel informatique inutilisable. Bigblu s’est engagé à remplacer les modems défectueux.
Dans un communiqué conjoint, les pays membres de l’Union Européenne dénonce « un nouvel exemple du comportement irresponsable de la Russie dans le cyberespace, qui fait partie intégrante de son invasion illégale et injustifiée de l’Ukraine ». L’U.E envisage « de nouvelles mesures pour prévenir, décourager et dissuader ces comportements malveillants dans le cyberespace et y répondre. L’Union européenne continuera à apporter un soutien politique, financier et matériel coordonné à l’Ukraine pour renforcer sa cyber-résilience ».
Un satellite destiné à couvrir les zones blanches
Ces cyberattaques mettraient « en péril la sécurité des citoyens européens », peut-on lire dans le communiqué. L’opération visait le réseau KA-SAT de Viasat, premier satellite européen entièrement dédié à l’accès Internet par satellite à haut débit pour le continent. L’objectif est de couvrir les zones blanches. Il est opéré par le groupe européen Eutelsat et l’entreprise américaine Viasat.
Les États-Unis ont d’ailleurs pointé du doigt la Russie dès la fin mars. Dans un article du Washington Post, des membres de l’administration américaine avaient anonymement accusé le Kremlin.
Dans son communiqué, le Royaume-Uni précise avoir « déjà sanctionné le renseignement russe après ses actions effroyables à Salisbury (affaire Skripal) » et gelé « plus de 940 milliards de livres sterling d’actifs bancaires et 117 milliards de livres sterling d’avoirs personnels d’oligarques et de membres de leurs familles qui financent la machine de guerre de Poutine ».
Quant aux États-Unis, les services nationaux de cyber défense avaient bloqué en mars un logiciel espion également attribué à des hackers russes. Il est difficile en revanche de les relier au gouvernement russe.
La déclaration conjointe de ce 10 mai représente en revanche la première accusation directe contre le Kremlin.
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