Dernier opérateur indépendant sur le marché des télécoms français, le fournisseur d’accès à Internet Free pourrait bientôt passer sous la coupe du groupe Bolloré. Selon Electron Libre, Vincent Bolloré aurait proposé il y a quelques semaines de racheter Iliad, la maison mère de Free, pour un prix de 90 euros par action, ce qui aurait valorisé l’opérateur à 4,87 milliards d’euros. Mais Xavier Niel, le fondateur de Free et premier actionnaire d’Iliad avec 65,89 % du capital, aurait pour le moment rejeté l’offre, l’estimant insuffisante de la part d’un groupe comme Bolloré. L’action Iliad a clôturé jeudi soir à 63,93 euros, en hausse de 1,67 %, avant que l’information ne soit ébruitée.
Ce ne serait pas la première tentative de Vincent Bolloré pour s’offrir une part du juteux marché des télécoms. Déjà en 1997, l’héritier du groupe Bolloré avait tenté une OPA hostile contre Bouygues, dans l’espoir de mettre la main sur les activités mobile du groupe. Elle avait échoué. Depuis, l’homme n’a pas abandonné l’idée, jusqu’à monter sa propre filiale de télécommunications de toute pièces, Bolloré Télécom, avec un pari en tête : faire du WiMax le rival du GSM.
Après un rachat de huit licences au début du mois de juin, Bolloré détient désormais 20 licences régionales de cette technologie de communication haut débit sans fil à longue portée. Et Free, qui mise aussi sur le WiMax comme roue de secours s’il échoue dans l’obtention de la quatrième licence 3G, est le seul acteur en France à disposer d’une licence WiMax nationale. Ensemble, les deux groupes pourraient plus rapidement déployer la technologie pour constituer un nouveau poids lourd des télécoms face au triumvirat du GSM.
La rumeur d’un projet de rachat du groupe Iliad par Bolloré intervient peu après d’autres rumeurs très vite démenties, selon lesquelles Bolloré et Free auraient entamé des discussions avec Google et Intel pour déployer plus rapidement le WiMax en France.
Au delà du WiMax, Free souhaite également s’imposer comme un leader de la fibre optique (FFTH), qui nécessite des investissements très lourds qu’un groupe comme Bolloré pourrait encaisser plus facilement. Tout ceci alors même que la maison mère s’est lancée dans le coûteux rachat de l’opérateur Alice, qui coûtera près d’un milliard d’euro.
Un rapprochement entre Bolloré et Free semble donc crédible aussi bien sur le plan stratégique que financier. Même philosophiquement, les deux entreprises partagent la même culture d’innovation et de prise de risque. Actionnaire majoritaire du groupe publicitaire Havas et de l’agence Aegis, Bolloré est aussi propriétaire de la chaîne Direct 8 diffusée sur la TNT, et s’est lancé dans la presse gratuite avec les quotidiens Direct Soir et Matin Plus. Ce mois-ci, le groupe a racheté la totalité du capital de l’institut de sondages CSA, ce qui a fait dire à certains que Vincent Bolloré cherchait à contrôler ceux qui font l’opinion, ceux qui la sondent, et ceux qui la vendent.
Avec Free, Bolloré s’offrirait ceux qui la véhiculent.
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