L’industrie musicale est-elle réellement en crise ? Les derniers chiffres livrés par la Sacem américaine autorisent le doute. En dix ans, le chiffre d’affaires collecté au bénéfice des auteurs, compositeurs et éditeurs a presque doublé.

Cela fait 24 ans que la Broadcast Music Inc. (BMI) n’a pas annoncé de revenus en baisse, et ça ne sera pas encore pour cette année malgré la crise qui, officiellement en tout cas, secoue l’industrie musicale. Bien au contraire. La Sacem américaine annonce encore cette année un record de revenus, en dépassant dans son exercice 2008 la barre des 900 millions de dollars collectés, en hausse de 7,2 % par rapport à l’année précédente.

Après déduction des frais de gestion, les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique représentés par la BMI vont percevoir 786 millions de dollars de droits d’auteur, ce qui est supérieur de 8 % à l’année précédente, anne qui avait elle-même établi un record dans les mêmes proportions.

Quelle industrie soit-disant en crise peut se vanter de voir son chiffre d’affaires progresser de près de 10 % chaque année ?

En dix ans, c’est-à-dire grosso modo depuis l’apparition du diabolique Napster détesté par les maisons de disques, la société de gestion collective a quasiment doublé les sommes collectées pour ses 375.000 adhérents.

Et la BMI n’est pas une exception. La Sacem britannique, la MCPS-PRS Alliance, montre elle aussi une forme spectaculaire. Entre 1997 et 2007, les sommes collectées par la société de gestion ont sans cesse progressé, passant de 392 millions de livres sterling à 562 millions.

En France, la Sacem n’affiche pas le même état de forme, mais ses revenus ont tout de même progresser en 2007, d’un léger 0,4 % à 759 millions d’euros. En 1998, la Sacem collectait 541 millions d’euros. La société de gestion collective souffre d’un dynamisme moins vibrant que ses cousines anglosaxonnes, pourtant au moins aussi exposées aux problématiques de piratage.

Alors, pourquoi ce décalage entre le discours alarmiste des maisons de disques, soutenu par des projets de loi plus liberticides les uns que les autres, et le réalité des chiffres bruts ?

En réalité, seuls les revenus de la musique enregistrée (les disques) baissent d’année en année. Mais tous les autres revenus, en particulier ceux liés aux licences d’exploitation pour la radiodiffusion et la télévision, explosent. Avec la multiplication des médias numériques (télévision par câble, par satellite, sites Internet, webradios…), il n’y a jamais eu autant de diffuseurs et donc de payeurs qu’aujourd’hui. La crise du disque est largement compensée par la croissance des nouveaux médias.

« Notre attitude favorable à la technologie et favorable aux entreprises a fait qu’il a été possible pour la BMI de voir notre chiffre d’affaires continuer à croître de plus de 7 % chaque année, en moyenne, ces dix dernières années« , explique ainsi le président de la BMI, Del Bryant. La société de gestion américaine compte 6.500 clients issus des nouveaux médias, en hausse de 50 % sur un an (pardonnez du peu). Ces nouveaux médias comptent désormais pour 26 % des revenus de la BMI.

La BMI explique également qu’elle utilise les nouvelles technologies pour améliorer sans cesse la perception des relevés d’utilisation des œuvres, avec plus de 9 milliards d’utilisations traitées dans sa dernière année. Cette informatisation des relevés lui a permis de baisses ses frais de gestion à 11,7 % des perceptions, un record historique. En France, la Sacem compte un peu moins de 15 % de frais de gestion.

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