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C’était un serpent de mer depuis plusieurs années. En 2005, Google avait donné des signes avant-coureurs en débauchant Ben Goodger, le chef de projet de Mozilla. C’est désormais officiel. Google va se lancer dans la course aux navigateurs Internet en lançant mercredi Google Chrome, son propre navigateur open-source.
Basé sur le moteur de rendu WebKit d’Apple, déjà utilisé sur les futurs mobiles Google Android, et sur un interpréteur javascript entièrement réécrit, V8, Chrome a été conçu pour être le plus léger, flexible et rapide possible. Sur le papier, Chrome devrait être plus stable et moins gourmand en ressources que Firefox, grâce à une gestion multithread des onglets, où chaque onglet est géré comme un processus distinct, avec ses propres ressources libérées à la fermeture de l’onglet. Ce principe doit aussi permettre d’assurer une meilleure sécurité du navigateur, en contrôlant l’exécution des plugins là aussi gérés en processus séparés.
Visuellement, Google Chrome propose une interface dépouillée, où les onglets dominent le reste de la page, composée du strict minimum. Le but est de laisser le maximum d’espace possible aux pages web, et surtout aux applications riches comme Gmail, pour lesquelles Chrome a été particulièrement pensé.
Car bien au delà d’un simple navigateur open-source, Google veut entrer en concurrence frontale avec Microsoft sur le marché des systèmes d’exploitation. A l’heure où les services en ligne proposent un stockage à distance et l’ensemble des applications usuelles (mails, agenda, bureautique, vidéo, photo…), la valeur qui résidait traditionnellement sur les systèmes d’exploitation comme Windows se déplace vers les services en ligne. Le contenant perd sa valeur au profit du contenu. Le phénomène n’est qu’accentué par le succès des ordinateurs portables à bas prix, les netbooks, qui ressemblent davantage à des terminaux pour accéder au web qu’à des ordinateurs complets, fonctionnels et autosuffisants.
A l’avenir, le navigateur Internet sera le système d’exploitation. Pas seulement sur l’ordinateur d’aujourd’hui, mais aussi sur les téléphones mobiles, les consoles de jeux ou les tablet PC qui devraient remplacer les ordinateurs portables d’ici quelques années. Microsoft a mal anticipé ce mouvement, et son obsession à vouloir garder Internet Explorer en close-source le condamne.
« Bien sûr, nous aurions pu proposer un navigateur propriétaire et nous en tenir à ça« , explique Google dans une bande dessinée explicative mise en ligne cette semaine, qui fait la leçon à Microsoft. « Mais Google vit sur Internet. C’est dans notre intérêt de faire qu’Internet soit meilleur, et sans concurrence c’est la stagnation« .
Avec Firefox, c’est donc plutôt la saine émulation qui est recherchée. Google tient d’ailleurs à partager ses développements avec le navigateur de la fondation Mozilla, qui vient tout juste de renouveler un partenariat financier de 3 ans avec Google.
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