Mise à jour : plusieurs lecteurs nous ont averti que l’association Free Mobile Asso n’était pas créée, au moins officiellement, par Iliad/Free, mais par un particulier. Toutes nos excuses.
Free aurait-il tapé du pied dans la fourmilière ? La semaine dernière, en présentant les résultats financiers de son groupe, le président d’Iliad Xavier Niel a réitéré son intérêt pour la quatrième licence 3G qui permettrait à l’opérateur d’investir le marché de la téléphonie mobile. Avec une promesse : faire économiser 1000 euros à une famille de trois personnes équipée de trois forfaits téléphoniques.
Comme nous, l’opérateur virtuel Virgin Mobile – qui a dépassé le million de clients – a pris sa calculatrice en main pour constater l’ampleur pharaonique de la promesse, et arrive sensiblement aux mêmes conclusions. « Annoncer une économie potentielle de 1000 euros par foyer par an reviendrait à faire miroiter aux consommateurs une facture mensuelle moyenne de 4,6 euros« , dénonce l’opérateur, qui ne croit pas une seconde à la véracité des propos de Xavier Niel.
Bouygues Télécom n’est pas en reste. Son patron Martin Bouygues préfère jouer la condescendance. Pour lui, le projet de Free est « un mystère« . « J’ai du mal à comprendre comment avec 1 milliard d’euros, Iliad va pouvoir déployer un réseau de troisième génération alors que nous investirons 850 millions d’euros rien que cette année« , s’est publiquement étonné l’ami de Nicolas Sarkozy, qui a pourtant agi en coulisse pour convaincre le Président de la République de bloquer le dossier au moins jusqu’en 2009, et de limiter l’attribution des fréquences à quelques bouchées de pain.
Si Bouygues est si sceptique sur la capacité de Free à concurrencer ses offres, pourquoi une telle agitation qui trahit l’inquiétude ?
De plus, Martin Bouygyes tend le bâton pour se faire battre. Il oublie en effet de rappeler que si Bouygues Télécom peut cette année investir 850 millions d’euros après avoir déjà dépensé des milliards d’euros pour créer son réseau depuis les années 1990, c’est parce que les contrats de l’entreprise de travaux publics avec l’Etat lui ont permis d’amasser un pactole suffisant pour s’offrir une licence 3G. Tout comme France Télécom a pu se l’offrir grâce à son passé d’opérateur unique du pays, ou SFR grâce aux activités de la Compagnie Générale des Eaux, devenue Vivendi, sa maison mère.
Que l’Etat fasse obstacle à l’entrée d’un quatrième opérateur de téléphonie serait d’autant plus scandaleux que les trois opérateurs actuels ont tous, déjà, été favorisés par l’Etat.
Des quatre opérateurs en place, Free est le seul « pure-player », qui n’a bénéficié d’aucun contrat de service public historique pour se développer. La maison mère, Iliad, trouve son origine dans les années 1980 avec des services de minitel rose.
Bien décidé à ne pas se laisser faire, l’opérateur a monté une association, Free Mobile Asso, pour faire pression sur le gouvernement et récolter des signatures à une pétition demandant l’attribution de la 4ème licence 3G au groupe Iliad. Avec une promesse d’économie de 1000 euros par an, c’est évidemment plus facile de récolter des signatures…
Mais promesse fondée ou non, la nécessité de l’entrée d’un quatrième opérateur – qu’il s’agisse de Free ou d’un autre – est une absolue nécessité pour dynamiser la concurrence dans un marché qui en manque cruellement.
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