En annonçant un assouplissement des règles restrictives imposées par le DRM de son jeu Spore, Electronic Arts avait osé ajouter l’insolence au ridicule en accusant ouvertement les joueurs – donc ses clients – d’être eux-mêmes responsables de la présence de systèmes de protection intrusifs sur les jeux vidéo, à cause de l’ampleur du piratage sur PC. « Nous pensions que les consommateurs comprenaient que le piratage était un énorme problème, et que si les jeux qui prennent un à quatre ans à être développés sont effectivement volés le jour où ils sont lancés, les développeurs et les éditeurs arrêteront simplement d’investir dans les jeux sur PC« , justifiait Frank Gibeau, le patron du label EA Games.
Mais les joueurs, qui ne sont pas tous pirates, contre-attaquent. Après avoir déjà détruit la réputation de Spore sur Amazon, ils ouvrent cette fois le volet judiciaire. Un groupe de joueurs aux Etats-Unis a en effet décidé d’attaquer EA en justice et de demander l’ouverture d’une class action (action collective) pour dénoncer l’utilisation abusive de la protection SecuROM incluse avec le jeu vidéo. « Bien que les consommateurs soient prévenus que le jeu utilise une technologie de contrôle d’accès et de protection contre la copie, il ne leur est pas dit que cette technologie consiste en réalité en le téléchargement, l’installation et l’exécution d’un programme tiers, autonome, sur leur ordinateur« , expliquent les plaignants, qui critiquent le caractère intrusif du DRM. « Une fois installé, il devient une composante permanente du catalogue de logiciels de l’utilisateur. Même si ce dernier désinstalle Spore, et en efface toute trace de son ordinateur, SecuROM laisse des traces qui resteront tant que l’utilisateur n’aura pas complètement effacé son disque« .
L’action n’est pas sans rappeler celle ouverte en 2005 contre Sony BMG, qui avait utilisé sur plusieurs de ses albums un système de protection intrusif qui s’installait automatiquement dans les ordinateurs des consommateurs à l’insertion du CD. Le scandale du rootkit s’était retourné contre la maison de disques, qui avait décidé après sa condamnation en justice d’abandonner l’utilisation de systèmes anti-copie sur ses CD. Elle a depuis décidé d’arrêter totalement les DRM, y compris dans la vente de musique en ligne.
De là à dire qu’Electronic Arts aura la même sagesse en cas de condamnation, il n’y a qu’un pas encore beaucoup trop difficile à franchir pour l’éditeur. Même si l’histoire a très vite démontré que le DRM de Spore avait davantage contribué à encourager le piratage qu’à lutter contre la copie illégale.
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