En décidant de contrôler et d’héberger lui-même les applications disponibles pour l’iPhone via son App Store, Apple a endossé les responsabilités juridiques d’un éditeur, qui doit veiller à ce que les applications proposées soient conformes à la loi.

Ca n’explique pas pourquoi il exclue des applications qu’il estime inutiles, ou des applications qui entrent en concurrence avec ses projets, mais ça peut justifier qu’il décide de ne pas autoriser la distribution d’un logiciel ou d’un jeu qui violerait les droits de propriété intellectuelle d’un tiers.

Encore faut-il que ce soit effectivement le cas.

Apple a ainsi décidé de bannir de son service le jeu Shaker, au motif qu’il serait « trop proche » de Tetris. Or Shaker ne fait que reprendre les idées de base du jeu de briques, reprises par un nombre incalculable de jeux depuis la sortie du titre conçu en 1985 par le russe Alexei Pajitnov.

Il exploite la même idée d’empilement des blocs, mais utilise des graphismes totalement différents, et l’idée d’un mode « shaker » (d’où son nom) qui permet d’utiliser l’accéléromètre de l’iPhone pour bouger et faire tourner les pièces du puzzle. Selon le développeur Phunkware, la société Tetris aurait demandé à Apple de retirer le jeu, et la firme de Cupertino se serait immédiatement exécutée alors-même que les idées en elles-mêmes ne sont pas protégées par le droit d’auteur – seule la manière de les mettre en œuvre le sont.

De plus, si par hypothèse d’école l’idée de base de Tetris avait pu être « brevetée » lors de sa création, un brevet ne peut pas durer plus de 20 ans. Il serait donc tombé dans le domaine public en 2005.

Cette décision d’Apple crée donc un nouveau précédent glissant pour la firme, qui devra respecter de la même manière les demandes des éditeurs et développeurs qui veulent exclure de l’App Store tout logiciel concurrent du leur, sous prétexte qu’il exploite la même idée. Quand bien même le logiciel concurrent serait meilleur. Ce qui risque, à terme, d’apauvrir la qualité de l’App Store, là où des solutions plus ouvertes comme Windows Mobile ou Android évitent soigneusement cet obstacle.

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