En perte de vitesse dans un marché désormais affecté par la crise économique, l’éditeur de jeux vidéo Electronic Arts (EA) a annoncé un plan d’économie de 50 millions de dollars qui se traduira concrètement par le licenciement de 600 employés, soit environ 6 % de ses effectifs. L’éditeur de Fifa 09, Spore et Warhammer Online a publié des pertes de 310 millions de dollars pour le troisième trimestre, encore accentuées par rapport aux 195 millions de perte enregistrées l’an dernier.
Le dernier trimestre de l’année ne s’annonce pas meilleur, loin s’en faut. Le directeur d’EA, John Riccitiello, a en effet reconnu que la firme avait commencé à ressentir un ralentissement des ventes en octobre, due aux arbitrages budgétaires des foyers qui investissent moins dans les loisirs en période de crise. La firme se dit très prudente sur ses résultats financiers à court terme, mais reste résolument optimiste pour le long terme, grâce à un marché du jeu vidéo dont le chiffre d’affaires continue d’exploser. Il est dynamisé par les consoles nouvelles génération, qui offrent en plus l’avantage d’être connectées à Internet.
La société veut donc mettre à profit ces temps de crise et ces nouvelles spécificités techniques du marché pour réaliser des économies et améliorer ses marges bénéficiaires. En plus du plan de licenciement, EA veut mettre l’accent sur la distribution numérique des jeux vidéo.
Riccitiello s’est ainsi félicité des ventes du jeu Burnout Paradise, qui a été téléchargé par 20.000 joueurs depuis septembre sur le Playstation Store, la boutique dématérialisée de Sony. Les méthodes de distribution numérique sont « cruciales pour notre succès à long terme« , a ainsi indiqué le directeur d’EA. Elles permettent en effet de limiter considérablement le nombre des intermédiaires, en éliminant les usines de duplication des disques, les distributeurs, les transporteurs et les grandes surfaces, qui tous prélèvent leur marge.
La firme a ainsi investi 150 millions de dollars pour développer des « initiatives numériques », des jeux en ligne et des partenariats. Pourtant, cet été, le vice-président d’EA Europe avait assuré qu’il faudrait au moins 20 ans pour que la dématérialisation s’impose. « On avait l’habitude d’être sous les 1 Go, mais maintenant nous faisons des jeux qui prennent 8, 9, 10 Go… et si la distribution par bande passante permet un jour de distribuer 10 Go en une demi heure, nous aurons des jeux qui pèseront 100 Go« , expliquait Jens Uwe Intat.
Quoi qu’il en soit, le jeu entièrement dématérialisé ne pourra sans doute pas fleurir sans une baisse importante du prix de vente. Car qui dit distribution numérique dit DRM, et qui dit DRM dit suppression du marché de l’occasion. Or une part non négligeable du marché du jeu vidéo neuf est générée par les joueurs qui achètent le jeu en sachant qu’ils le revendront pour la moitié du prix dans des boutiques d’occasion ou sur eBay. Si l’industrie tue le marché de l’occasion sans baisser sensiblement le prix du neuf, elle s’amputera elle-même d’une partie de son marché.
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