L’affaire a fait du bruit en Grande-Bretagne, et a mis en lumière les dangers que portent en elle la loi Création et Internet au regard des droits de la défense, piétinés par la fragilité des preuves apportées par les chasseurs de pirates (un problème d’ailleurs pointé du doigt par la Commission Européenne). Le mois dernier, plusieurs centaines d’internautes britanniques ont reçu une lettre du cabinet Davenport Lyons leur demandant de payer immédiatement 500 livres sterling pour avoir soit-disant téléchargé et partagé sur les réseaux P2P le jeu Race 07 édité par Atari. Comme dans l’affaire Techland où l’avocate parisienne a été sanctionnée par l’Ordre des avocats, la lettre type prévenait en substance les P2Pistes présumés qu’un procès dans un tribunal les endetterait probablement sur plusieurs générations après la vente de leurs biens et résidences.
Problème, plusieurs dizaines d’internautes ont assuré qu’ils n’avaient jamais téléchargé le jeu en question, voire même qu’ils n’avaient joué à un jeu vidéo de leur vie. Un couple de jeunes retraités a notamment été innocenté lorsque l’absurdité de la plainte a été mise en avant par la presse.
Immédiatement, la question de la solidité des preuves collectées par la société suisse Logistep, soigneusement évitée par le gouvernement français dans le débat sur la riposte graduée, a été soulevée. Pour Atari, ce fut un désastre sur son image de marque. Si chacun peut comprendre qu’une société cherche à protéger ses intérêts, le faire au mépris total des règles de la justice ne passe pas au pays de l’Habeas Corpus. D’autant que depuis, le même cabinet Davenport Lyons a envoyé le même type de lettre à des internautes faussement accusés de télécharger des films pornographiques gay, qui même innocents préfèrent payer leurs 500 livres plutôt que d’avoir à s’en défendre publiquement devant les tribunaux.
Atari a donc préféré jeté l’éponge. Le journal britannique The Register révèle en effet que l’éditeur de jeux vidéo a retiré le mandat qu’il avait donné au cabinet d’avocats Davenport Lyons pour intimider et poursuivre des pirates présumés.
« En ce qui concerne le partage de fichiers, notre position c’est que nous nous réservons toujours le droit de protéger notre propriété intellectuelle de la copie illégale et du piratage« , prévient Atari pour ne pas donner le signal aux internautes que le téléchargement est désormais en open-bar chez l’éditeur. « Même si nous ne travaillons plus avec Davenport Lyons, nous continuons à travailler avec des conseillers juridiques pour protéger nos droits« . Mais ceux-là n’utilisent probablement plus les listings fournis par Logistep.
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