Avec un prix affiché de 399 euros, la Playstation 3 est en première ligne face aux bourasques de vent de la crise économique, qui frappent désormais l’ensemble du secteur des nouvelles technologies. La console de Sony est chère, et surtout beaucoup trop chère par rapport à ses concurrentes. La Wii est proposée à environ 250 euros, tandis que la version Arcade de la Xbox 360 s’échange désormais contre moins de 180 euros. Devant la réalité concrète du porte-feuille, la gratuité du jeu en réseau ou la présence d’un lecteur Blu-Ray sont des arguments qui peinent à percer dans l’oeil du consommateur qui se rend en grande surface. Mais Sony reste résolument optimiste sur l’avenir de la PS3. Méthode Coué ou flegme exemplaire, seul l’avenir le dira.
« Je suis aussi confiant qu’auparavant« , a toutefois martelé David Reeves, le président de Sony Computer Entertainment Europe, dans une interview à Eurogamer. Pour lui, les ventes de la console sont conformes aux ambitions du Japonais. « Pour la Playstation 3, l’objectif est toujours d’atteindre les 10 millions de ventes. La PS3 était la priorité numéro un, et le groupe va atteindre cet objectif« .
Même s’il concède que la Xbox 360 a repris des parts de marché sur la fin de l’année dernière grâce à une politique de prix aggressive, Reeves explique que l’objectif de Sony n’était pas de lutter pour l’instant sur les parts de marché. « Le plan n’était pas nécessairement d’avoir de fortes ventes, c’était d’atteindre un objectif de profitabilité, de faire mieux qu’être rentable au troisième trimestre fiscal« , achevé le 31 décembre. « Les résultats financiers montrent que sur un niveau mondial Sony Computer Entertainment a atteint le seuil de rentabilité au troisième trimestre. Donc plutôt que d’aller chercher des parts de marché et des ventes, nous sommes allés chercher des bénéfices, au moins pour équilibrer les comptes« .
S’il est aussi confiant, c’est que Sony continue à inscrire sa Playstation 3 sur un cycle de dix années de commercialisation. La crise économique s’est produite au début de ce cycle, et il n’est pas question pour Sony de brader sa console dès aujourd’hui, en hypothéquant son chiffre d’affaires global sur la décennie. Il est facile de baisser un prix de vente pour répondre à une crise passagère de la demande, mais il est ensuite impossible de faire marche arrière pour remonter un prix lorsque la crise est passée. Si baisse il y a dans les prochains mois, elle ne sera que modérée, et la PS3 restera la console la plus chère du marché.
« Nous nous protégeons avec une coquille très épaisse pour passer l’année ou les deux années de difficulté économique« , explique David Reeves, qui pense que les ventes pourraient remonter dès septembre ou octobre prochain. « C’est comme si nous étions un tatou. Il faut être dur, et ensuite vous sortez quand le soleil se lève« .
Sony laisse donc Nintendo et Microsoft remporter les parts de marché pendant la crise, en préparant sa riposte pour les prochaines années. Notamment sur le terrain des jeux vidéo, où il entend bien se démarquer du catalogue de Microsoft. Sony a investi dans plusieurs studios comme Media Molecule (LittleBligPlanet), ou carrément acheté des studios comme Evolution et Guerilla. L’objectif est de produire des titres forts avec une vingtaine de franchises exclusivement disponibles sur Playstation 3 dès 2010. Et d’ici là, l’absence de lecteur Blu-Ray sur la Xbox 360 pourrait véritablement se faire sentir sur la qualité visuelle des jeux.
Mais Microsoft attendra-t-il dix ans avant de sortir sa nouvelle Xbox ? Le pari est risqué.
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