La secrétaire d’Etat à l’Economie Numérique Nathalie Kosciusco-Morizet (NKM) a indiqué lundi dans La Tribune qu’elle travaillait à un volet « économie numérique » du plan de relance piloté par Patrick Devedjian. C’est une bonne nouvelle, puisque le numérique était le grand absent du plan de 1000 mesures présentées le mois dernier par le gouvernement.
Mais le spectre de l’abandon de la neutralité du net s’approche un peu plus lorsque NKM met l’accent sur les usages et les contenus, qui selon elle sont plus essentiels dans la stratégie que le développement des technologies. « En matière de numérique, la vraie innovation se situe dans le modèle économique plus que dans la technologie« , assure ainsi la secrétaire d’Etat, qui précise qu’il y a « quelque chose dans le triangle réseaux-innovation-contenus« .
« Le rôle premier des pouvoirs publics est de créer les conditions favorables à l’investissement privé (…) Il faut faciliter la création des réseaux, mais ces derniers ne sont rentables que s’il y a des usages. Je suis convaincue que c’est dans les contenus que la valeur se situera dans les dix prochaines années. Les réseaux vont devenir une commodité. »
Cette vision du développement des réseaux fondée sur les contenus est exactement celle qu’a présentée au Canada le groupe Québecor, le Vivendi québecois, pour expliquer noir sur blanc que la neutralité du net était une bêtise et qu’il fallait donner aux FAI la possibilité de filtrer les contenus pour valoriser leurs services à valeur ajoutée.
Les FAI qui déploient la fibre optique espèrent réussir à faire tomber la neutralité du net pour favoriser leurs propres services de contenus par rapport aux services concurrents, ou pour favoriser les services commerciaux qui paient une dîme numérique pour empreinter leurs réseaux à très haute vitesse. Les déclarations de Nathalie Kosciusko-Morizet devraient les rassurer… mais raviver la suspiscion sur son indépendance.
Lorsque NKM a été nommée, Numerama avait rappelé en effet que son frère, Pierre Kosciusko-Morizet, est le fondateur de PriceMinister, et surtout le président de l’Association pour le commerce et les services en ligne (Acsel), un groupement de 200 entreprises du web et des télécoms (Google, Dailymotion, Yahoo, Microsoft, Myspace, Wikipedia…). Puis dès le lendemain, lors de sa première sortie médiatique, nous avions prévenu qu’il y « aura nécessairement des soupçons si elle ne défend pas à manches relevées le principe selon lequel aucun éditeur de service en ligne ne devrait bénéficier d’un quelconque traitement de faveur, y compris contre rémunération, de la part des opérateurs qui contrôlent les tuyaux donnant accès aux différents services concurrents« .
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