Les grands groupes comme TF1 sont souvent perçus de l’extérieur comme des usines aux rouages parfaitement huilés, incapables de prendre des décisions sans avoir mûrement réfléchi leurs implications à long terme. Mais derrière les apparences se cachent aussi parfois beaucoup de naïveté et de décisions absurdes. TF1 l’a constaté à ses dépens ce week-end.

Son site de partage de vidéos WAT.tv a en effet été indisponible une partie du week-end, à cause d’un problème avec le renouvellement de son nom de domaine, qualifié par TF1 de « grave incident totalement indépendant de WAT et de TF1« .

La chaîne assure dans un communiqué que « toutes les démarches avaient été entreprises conformément aux règles usuelles« . Manière de mettre la faute sur l’île de Tuvalu, qui administre les noms de domaine en .tv.

Mais il y avait un péché originel. Quel est le cadre de TF1 qui a cru tenir l’idée du siècle en choisissant comme principal nom de domaine du site de partage vidéos de la chaîne une extension .tv, gérée de manière obscure et incontrôlable par l’île de Tuvalu… le 4ème plus petit pays du monde, qui figure parmi la « liste très noire » (non officielle) des paradis fiscaux situés hors des pays de l’OCDE ? TF1 n’a même pas le nom de domaine WAT.com !

La petite île de Tuvalu a trouvé un gisement d’or virtuel il y a quelques années avec la gestion du nom de domaine .tv, sur laquelle de nombreux entreprenautes du monde entier se sont jetés sans penser aux conséquences à long terme. Confier sa marque et donc sa survie commerciale à un paradis juridique et fiscal isolé au milieu de l’Ocean Pacifique n’est probablement pas la meilleure des idées. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’une activité stratégique destinée, comme WAT, à générer des millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année et à aider le groupe TF1 à effectuer sa mutation vers les médias numériques.

Sans parler de l’aspect écologique d’un redoutable pragmatisme. Selon des experts du climat, le petit archipel polynésien des Tuvalu risque d’être dans quelques années seulement le premier pays rayé de la carte du monde, à cause de la montée du niveau des eaux causée par le réchauffement climatique. Près de 10 % de la population tuvalienne a déjà migré vers la Nouvelle-Zélande, les îles Fidji et la Polynésie.

Un destin quasi biblique pour l’El Dorado numérique.

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