Suite à l’annonce de sa condamnation à un an d’emprisonnement et 3 million d’euros de dommages et intérêts, avec ses trois co-accusés, le porte-parole de Peter Sunde a tenu vendredi midi une mini conférence de presse par écrans interposés. Le flux vidéo ayant été pris d’assaut par un très grand nombre d’internautes (The Pirate Bay avait mis le lien en page d’accueil), nous n’avons pas pu suivre l’intégralité. Mais suffisamment pour en comprendre le message.
« C’est très bizarre de se faire condamner comme ça à de la prison« , a indiqué Peter Sunde. Mais « nous ne pouvons pas payer, et nous n’aurions pas payé (si nous avions de l’argent)« , a-t-il assuré. Rédigeant alors une fausse reconnaissance de dette au stylo à bille sur une feuille A4, il affirme que c’est « à peu près tout ce qu’ils auront ».
« Même si j’avais de l’argent, prévient Sunde, je préfèrerais brûler tout ce que je possède plutôt que donner un centime » aux maisons de disques et aux studios de cinéma qui ont porté plainte contre The Pirate Bay.
Peter Sunde estime que le verdict prononcé vendredi obéit aux ordres du ministère de la Justice suédois, qui avait reçu des menaces de représailles diplomatiques de la part des Etats-Unis, ce qui avait donné lieu à une enquête administrative. Celle-ci avait confirmé que le gouvernement suédois a bien été sujet à des pressions directes de la part de la MPA (Motion Picture Association), de l’IFPI (Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique), et de l’Ambassade américaine, mais l’enquête n’avait pas démontré que le ministre de la Justice Thomas Bodström avait relayé ces pressions auprès des magistrats. Il avait pourtant rencontré en personne le procureur qui a mené l’accusation contre The Pirate Bay, pour lui faire prendre conscience de l’importance diplomatique de l’affaire.
« Tout le monde est libre de nous soutenir ou de ne pas nous soutenir« , a concédé Peter Sunde, conscient que l’attitude provocatrice de The Pirate Bay peut déranger. « Mais tout le monde a intérêt à soutenir un processus démocratique qui ne soit pas influencé par l’argent et le pouvoir« .
Plus qu’un procès contre le piratage, c’est un procès politique qui commence, et continuera encore plusieurs années par le jeu des recours successifs. Si les studios de cinéma et les producteurs de musique américains ont gagné la première manche juridique, le combat politique pourrait tourner en faveur de The Pirate Bay.
Le véritable gagnant de cette affaire est en effet le Parti Pirate suédois, qui a vu le nombre de ses adhérents exploser et dépasser ceux du Parti Ecologiste et du Parti de Gauche en Suède.
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