Pour gérer le trafic lié aux échanges de fichiers en P2P, il y a deux écoles : brider, ou adapter son infrastructure. Alors qu’aux Etats-Unis et au Canada les fournisseurs d’accès à Internet ont choisi la première solution, officiellement pour économiser de la bande passante (mais en fait pour favoriser leurs offres de VOD marchande), un FAI israélien a choisi au contraire d’accélérer le trafic de BitTorrent en fournissant un service gagnant-gagnant à ses clients.
Selon TorrentFreak, le FAI Bezeq International a mis en place sur son réseau un système qui met automatiquement en cache les téléchargements BitTorrent les plus populaires. Lorsqu’un internaute du réseau télécharge un fichier .torrent, les routeurs de Bezeq interceptent la demande et ajoutent automatiquement un nouveau tracker à la liste des trackers contenus dans le fichier .torrent originel. Ce tracker supplémentaire, basé aux Pays-Bas (probablement pour des raisons juridiques), n’accepte que des connexions des clients de Bezeq International, et renvoie les utilisateurs vers des serveurs seed à très haut débit situés dans son réseau local.
Ainsi, les contenus les plus demandés échangés par BitTorrent sont téléchargés au sein même du réseau du FAI, ce qui lui permet d’économiser les frais de bande passante liés aux connexions longue distance. Pour les utilisateurs, cette méthode a l’avantage de leur fournir des téléchargements encore plus rapide qu’avec le protocole ordinaire de BitTorrent, ce qui risque de ne pas plaire aux industries culturelles.
Cette volonté de contenir le trafic BitTorrent au sein du réseau local des FAI n’est pas nouvelle. Le protocole P4P, dont les travaux sont déjà bien avancés, reprennent la même logique. Aux Etats-Unis, lorsque Comcast avait annoncé sa volonté de brider les transferts en P2P pour économiser de la bande passante, la société Bittorrent avait proposé ses services pour fournir des serveurs de cache au FAI américain, qui a semble-t-il décliné la proposition.
Reste que la méthode israélienne pose des problèmes juridiques et éthiques considérables. Un FAI qui souhaite gérer la bande passante a-t-il le droit d’éditer à la volée les informations demandées par ses clients de manière à le diriger de force vers des serveurs qu’ils n’ont pas demandés ? Si la méthode semble partir d’une bonne intention de la part du FAI, elle posera d’autant plus question lorsque les lobbys du disque ou du cinéma vondront l’employer pour diriger toutes les demandes de fichiers .torrent vers des serveurs espions qu’ils contrôlent pour lutter contre le piratage.
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