Mise à jour : Effectivement, elle n’a pas lâché. Alors qu’elle a tenté dans l’après-midi de trouver une formulation acceptable pour le Conseil et pour les députés, Catherine Trautmann s’est finalement arc-boutée sur l’amendement 138 qu’avaient déjà adopté les députés européens. Il a été voté dans la soirée !
Catherine Trautmann n’a probablement jamais reçue autant de pressions de la part de ses électeurs que depuis ces deux derniers jours, où nombre d’Européens s’inquiètent du sort de l’amendement Bono. Extrêmement visité, le site de liens BitTorrent ThePirateBay.org a même été jusqu’à y consacrer sa page d’accueil pour demander aux internautes de contacter très vite les eurodéputés, tout comme en France la Quadrature du Net qui a demandé d’urgence à tous les internautes d’appeler les députés de la commission ITRE du Parlement Européen pour qu’ils rejettent tout compromis mou sur le texte anti-riposte graduée.
La pression est telle qu’à quelques heures du vote, Catherine Trautmann a voulu expliquer aux internautes les raisons qui l’ont conduites à mettre de l’eau dans le vin de Bono.
Dans une lettre ouverte aux internautes, la rapporteure socialiste qui négocie avec le Conseil de l’Union Européenne remet l’amendement dans le contexte global de l’ensemble du Paquet Télécom, dont elle rappelle les enjeux, dans une petite leçon de pragmatisme politique. Lorsque l’on négocie un texte d’une telle ampleur, il faut parfois lâcher sur des détails pour parvenir à un objectif plus global, défend-t-elle en substance.
« Le Parlement entend évidemment défendre la question des libertés fondamentales même si rappelons-le, cette question n’était pas à proprement parler dans le périmètre initial de ce Paquet« , indique Catherine Trautmann. « Je vous assure que je suis parfaitement consciente de l’importance de ce (…) point et que l‘objectif que je dois rechercher en tant que rapporteure au Parlement européen est d’obtenir un accord global sur le paquet dans le respect de l’amendement 138/46 (…) La difficulté ici est de parvenir, lors des négociations, à gérer l’ensemble des contraintes sans opposer aucun droit. Quand un paquet comme celui-ci est négocié (rappelons qu’en 2007 le secteur des télécommunications en Europe était à l’origine de 3,56 millions d’emplois, un chiffre qui pourrait atteindre 3,71 millions en 2013!), il est fort délicat d’opposer aux droits fondamentaux le droit des salariés à avoir un travail, le droit des entreprises à investir et celui des consommateurs à bénéficier de services de qualité« .
Fustigeant le projet de riposte graduée français, elle s’excuse presque par avance du résultat du vote de ce soir, tout en se voulant optimiste. « Je vous assure que je ne suis pas prête à lâcher« , dit-elle, « je vais donc rester dans le même état d’esprit sans me laisser imposer des contraintes dictées pas le Conseil… dont vous pourriez peut-être enrichir la réflexion par votre amicale pression !?« .
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