Licencié par TF1 pour ses prises de position anti-Hadopi exprimées en privé à la députée UMP Françoise de Panafieu, Jérôme Bourreau-Guggenheim a décidé de passer à l’offensive. Contacté par Numerama, le jeune cadre de 31 ans, désormais ancien responsable du pôle innovation web de TF1, assure qu’il a été licencié à la demande du cabinet de Christine Albanel.
« Contrairement à ce qu’ils affirment dans leur communiqué, TF1 n’avait rien à me reprocher« , nous indique Jérôme Bourreau-Guggenheim. Il y a encore un an, il avait été félicité et promu par la direction de la chaîne. Lorsqu’il a été convoqué en avril dernier pour lui notifier son licenciement, ce fut la surprise.
« Je n’étais pas préparé à ça« , nous dit-il. Sa direction aurait reconnu lors de l’entretien préalable au licenciement que l’e-mail envoyé à sa députée était de nature privée, et qu’il n’avait pas intentionnellement porté atteinte aux intérêts de TF1. « J’ai envoyé le courrier avec mon adresse Gmail« , nous précise Jérôme, qui assure qu’il n’a jamais pris position publiquement contre l’Hadopi avant que cette affaire éclate. Mais on lui aurait fait comprendre que les pressions du cabinet de Christine Albanel étaient trop fortes pour le laisser en poste.
Dans un communiqué expliquant son licenciement, TF1 avait pointé du doigt « les prises de position particulièrement radicales exprimées publiquement à plusieurs reprises, en cette qualité, par le Responsable du Pôle Innovation Web de TF1« , et estimé qu’elles étaient « contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, notoirement en faveur de cette loi« .
Mais Emmanuel Noirot, l’avocat de Jérôme Bourreau, estime aujourd’hui que « ces reproches sont infondés et ne figurent pas dans la motivation de la lettre de licenciement. En outre, Jérôme Bourreau-Guggenheim n’a jamais eu connaissance d’une quelconque prise de position officielle de TF1 au soutien du projet de loi Hadopi« .
« Je n’ai jamais exprimé de positions contre l’Hadopi publiquement, ni même en interne à TF1« , nous assure encore Jérôme Bourreau. « J’aurais pu le faire en utilisant un pseudonyme sur un forum ou un blog mais j’estime que j’ai le droit de m’exprimer en mon nom. Cependant je ne l’ai pas fait parce que je ne voulais pas qu’on puisse lier mes prises de positions à TF1 en ‘Googlant’ mon nom« .
Loin de comprendre qu’il a pu porter atteinte à TF1 dans un mail privé adressé à sa députée Françoise de Panafieu, l’ancien employé du groupe estime donc qu’il a au contraire souhaité protéger son entreprise.
Son avocat raconte que Jérôme a été « profondément choqué par l’atteinte qui a été portée à ses libertés fondamentales« , et qu’il « reste donc déterminé à faire toute la lumière sur les responsabilités mises en jeu dans cette affaire et fera bien entendu valoir ses droits devant les juridictions compétentes« .
La polémique ne fait sans doute que commencer.
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