Contrairement à ce qu’avaient annoncé dans un premier temps les autorités, les internautes chinois n’auront pas l’obligation d’installer le logiciel de sécurité et de censure Green Dam, développé pour le gouvernement. Ce dernier a fait marche arrière après le vent de révolte qui s’est levé sur la blogosphère chinoise, qui montre un réel pouvoir de pression.

Si même la Chine recule, la France aura bien du mal à imposer comme elle le souhaitait un « logiciel de sécurisation » sur tous les PC de l’hexagone. Avant la censure du Conseil constitutionnel, il était en effet prévu que l’Hadopi labellise des logiciels chargés de bloquer l’accès à certaines applications ou à certains contenus, et que seule l’installation de ce logiciel puisse exonérer les abonnés de toute responsabilité en cas d’utilisation frauduleuse de leur accès à Internet. En Chine, comme nous l’avions rapporté au début du mois, le gouvernement avait aussi décidé d’imposer à partir du 1er juillet aux vendeurs d’ordinateurs l’installation d’un logiciel de censure baptisé Green Dam, développé pour l’Etat par la société Jinhui Computer System Engineering et des Universités chinoises.

Le logiciel devait officiellement bloquer les contenus pornographiques et violents, mais des utilisateurs ont découvert qu’il bloquait également des sites de discussions de communautés homosexuelles, qu’il bloquait la visualisation d’image de porcs parce que le système les confond avec des corps d’hommes ou de femmes nus, ou encore qu’il bannit tout site qui fait mention du groupe spirituel Falun Gong, un mouvement concurrent du Parti communiste chinois qui fait l’objet d’une répression sévère en Chine depuis 1999. Le logiciel ferait même planter les logiciels de traitement de texte lorsqu’une expression bannie comme « Falun Gong » est saisie.

L’annonce de l’obligation de pré-installer le logiciel sur tous les PC en Chine a fait l’objet d’une bombe chez les bloggeurs chinois, qui représentent une force très importante que les autorités ont de plus en plus de mal à maîtriser. Sur 298 millions d’internautes chinois, 162 millions seraient bloggueurs. Un avocat de Beijing, Li Fangping, a demandé au ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information de réunir une commission publique sur « la légitimité et la rationalité », et de nombreuses actions symboliques ont été menées par les bloggeurs chinois les plus influents.

Pour calmer les tensions, le gouvernement a indiqué à l’agence Associated Press que les Chinois n’auraient aucune obligation d’utiliser ou d’installer le logiciel. Il devra simplement être pré-installé par les vendeurs d’ordinateurs, qui pourront aussi choisir de le fournir sur un CD séparé. L’éditeur du logiciel a par ailleurs assuré qu’il était facile de le désintaller.

Le logiciel Green Dam a par ailleurs soulevé des polémiques au delà du problème de la censure ou de l’auto-censure qu’il implique. L’Université du Michigan a d’abord assuré la semaine dernière que le logiciel était buggé, et qu’il contenait « des vulnérabilités sérieuses de sécurité dues à des erreurs de programmation« . Puis elle a affirmé que Green Dam contenait des bouts de code empruntés à CyberSitter, un logiciel de sécurité édité par une société américaine, qui se réserve le droit de porter plainte pour contrefaçon.

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