C’est officiel. Malgré son faux pas de communication de la mi-journée, Frédéric Mitterrand est le nouveau ministre de la Culture, qui remplace une Christine Albanel usée par la loi Hadopi. Le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, l’a annoncé mardi en révélant le remaniement ministériel qui confirme par ailleurs Nathalie Kosciusko-Morizet dans ses fonctions de secrétaire d’Etat à l’économie numérique.
Politiquement, la nomination de Frédéric Mitterrand au poste de ministre de la Culture est un coup finement joué de la part de Nicolas Sarkozy. Homme de culture dont la légitimité au poste ne soulève aucune objection, Frédéric Mitterrand est par son nom et sa filiation difficilement attaquable par le camp socialiste. Lui qui devra porter dans quelques semaines le projet de loi Hadopi 2 devant le Parlement saura probablement jouer de sa personnalité, tout comme il sait parfaitement manier le velours qui masque une main de fer.
Agé de 62 ans, Frédéric Mitterrand fut successivement animateur de télévision, écrivain, scénariste, producteur et réalisateur de documentaires et de films de cinéma. Neveu de François Mitterrand, il avait jusqu’à ce jour évité toute carrière politique, préférant se consacrer à ses œuvres, nombreuses. Le nouveau ministre de la culture est toutefois aguéri aux pouvoirs des lobbys, puisqu’avant de prendre la direction de la Villa Médicis, il avait présidé à la demande de Catherine Tasca la Commission d’avance sur recette du cinéma français, la pièce maîtresse du financement de la production cinématographique en France.
Christine Albanel, quant à elle, ne gardera probablement pas un souvenir émerveillé de la rue de Valois. Elle a dû subir l’interventionnisme aigu de Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé la suppression de la publicité sur France Télévisions sans même la consulter, créé un ministère de la Culture bis dont il s’est autoproclamé Président, organisé les « accords de l’Elysée » sur la riposte graduée, et exigé de Christine Albanel qu’elle s’en fasse le pilote jusqu’à s’écraser en klaxonnant contre le mur du Conseil constitutionnel. La pauvre Christine est en remerciée de la plus ingrate des manières. Comme Renaud Donnedieu de Vabres l’avait été de la loi DADVSI.
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