L’un des premiers pays occidentaux à avoir organisé le filtrage du net sous le prétexte de bloquer l’accès aux sites pédophiles est l’Australie. Le pays a mis en place depuis de nombreux mois un filtrage similaire à celui que prévoit la France avec la Loppsi, ou à celui que viennent d’adopter les députés allemands. Le principe est d’envoyer aux fournisseurs d’accès à Internet une liste de sites auxquels ils ont obligation de bloquer l’accès, sans que cette liste soit soumise à un quelconque contre-pouvoir.
Dès que l’idée a été soumise en France, Numerama avait publié un article pour expliquer pourquoi il était absolument nécessaire de passer outre la sympathie populaire que provoque évidemment la lutte contre la pédophilie, et de refuser tout filtrage. Car si ces lois qui commencent à pousser comme des champignons partout dans le monde se concentrent sur la pédophilie, c’est en fait pour mieux mettre le pied dans une porte que l’on ne pourra pas refermer, et qui ne fera que s’ouvrir davantage.
« Aurait-on sous Vichy étendu la liste aux sites de communautés juives ou homosexuelles ? L’étendra-t-on demain aux sites de communautés islamiques si des attentats meurtriers sont commis au nom d’Allah par des extrêmistes ? Bloquera-t-on le site du Nouvel Obs parce qu’il prête au Président de la République l’envoi de faux SMS ? Ou les réseaux cryptés parce qu’il est impossible de contrôler ce qui s’y passe ?« , demandions-nous. « Il ne faut pas céder à la pression de l’émotion et accepter la censure entre gens consentants des sites de pédophilie, car elle ouvre la porte à des dérives qu’une démocratie saine ignore, mais qu’elle découvre alors trop tard, lorsqu’elle n’en est déjà plus une.«
En Australie, qui est encore une démocratie, le gouvernement fait déjà part de sa volonté d’aller plus loin que le blocage des sites pédophiles. Les sénateurs vont examiner une proposition de loi qui prévoit de bloquer les sites Internet qui hébergent ou qui vendent des jeux-vidéo qui, selon la classification en vigueur, sont interdits aux moins de 15 ans. La mesure concernerait tous les jeux, qu’ils soient téléchargeables, en Flash, ou vendus à distance sous blister.
Contrairement à la plupart des pays occidentaux, l’Australie n’a pas de classification « déconseillé aux moins de 18 ans » pour les jeux vidéo, et interdit donc la vente sur son territoire de tous les jeux qui n’obtiennent pas le label MA15+, réservé aux titres qui n’ont pas de violence excessive ou de contenus à teneur sexuelle. Une situation d’autant plus absurde que selon une étude réalisée par l’Association du Divertissement Interactif d’Australie, l’âge moyen du joueur australien serait de 30 ans.
En France, la Loppsi prévoit également de bloquer les sites pédophiles, mais la suite est déjà prévue. Un projet de loi sur les paris en ligne dispose par exemple que « le président de l’Autorité de régulation des jeux en ligne peut saisir le juge des référés aux fins d’ordonner l’arrêt de l’accès » aux services qui n’ont pas reçu d’agrément en France, et qui ne payent pas la taxe attachée à ce type d’activité. L’industrie musicale, elle aussi, attend fermement la Loppsi. « Les problématiques de l’industrie musicale ne sont pas éloignées de ces autres préoccupations qui peuvent paraitre évidemment beaucoup plus graves et urgentes à traiter« , avait très tôt expliqué la SCPP.
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