Généralement, les dernières études sur le téléchargement illégal n’apportent rien de nouveau à ce que savions déjà. Toutefois, contrairement aux sondages habituels, le travail effectué par Interpret, une société spécialisée dans l’étude de marchés très précis (divertissement, média et technologie), se base non pas sur un sondage de 1 000, 2 000 ou 10 000 personnes mais… sur plus de 64 millions de sondés. Oui, autant que la population française.
Que tirer de cette étude ? D’une part, Interpret a constaté qu’une personne sur trois est un « pirate ». En effet, 24 millions des sondés ( 36 % ) ont admis avoir récupéré des fichiers musicaux au cours des trois derniers mois. Un chiffre pour le moins impressionnant qui devrait normalement – du moins on l’espère – faire réfléchir la RIAA, la BPI et l’IFPI à reconsidérer la façon dont ils traitent le problème du « piratage ». Après plus de dix ans de combat dans le vent, peut-être serait-il temps de changer de fusil d’épaule et d’envisager une autre approche. Et si ce n’est pas l’industrie culturelle qui fait cet effort, peut-être est-ce alors alors aux pouvoirs publics de prendre en compte cette tendance irréversible.
°videmment, c’est un voeu pieux. Ce n’est malheureusement pas demain la veille que l’industrie culturelle va envisager un nouveau modèle économique qui sera bien entendu coûteux et difficile à mettre en place, mais qui permettrait de réconcilier la brouille toujours plus importante entre le grand public et le monde culturel. L’analyse d’Interpret laisse pourtant présager d’un futur qui est loin d’être sombre pour le secteur.
En effet, les résultats ont révélé que 9 % des internautes qui s’adonnent au piratage ont également acheté un album complet au cours de ces trois derniers mois. Certes, ce n’est peut-être pas ce qu’espère l’industrie du disque, rêvant que les consommateurs dépensent sans compter dans nombre de productions plus ou moins réussies, mais cela montre une fois encore que les gens sont prêts à acheter en ligne. Pour la vente de titres individuels, c’est même encore mieux, puisque le pourcentage passe à 16 %. Nous ne sommes pas si loin du seuil des 20 %. Autrement dit, du seuil où un pirate sur cinq achète également de la musique vendue sur des plates-formes légales, comme l’iTunes Store.
Un bémol cependant, Interpret ne fournit malheureusement aucun comparatif entre le groupe des « pirates » et le reste de la population. Il aurait été intéressant de voir les différences et les ressemblances entre les différents comportements des internautes face à la musique accessible en ligne. Mais il est fortement probable que le groupe qui « pirate » le plus est paradoxalement le groupe qui dépense le plus pour la musique.
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