La Free Software Foundation demande à Amazon de ne plus maintenir un contrôle exclusif sur l’appareil. Malgré les promesses du CEO, la FSF juge que tant que l’entreprise n’abandonnera pas certaines méthodes de vente, le risque d’une nouvelle affaire n’est pas totalement à écarter.

Mise à jour : finalement, Justin Gawronski, le lycéen qui a vu sa copie de 1984 effacée par Amazon alors qu’il effectuait un travail scolaire, a décidé de porter l’affaire devant les tribunaux.

Avec l’aide d’un autre Américain, Antoine Bruguier, Justin a donc lancé une class-action contre Amazon, sur le principe que le Kindle est légalement considéré comme un ordinateur.

De ce fait, l’effacement de certains romans numérisés serait alors comparable à une intrusion illégale, quand bien même la société qui avait mis à l’origine les livres incriminés n’en détenait pas les droits.

Les avocats ont ainsi déclaré que « Amazon n’a pas plus le droit de supprimer des e-books des Kindle et des iPhone de leurs clients que de s’introduire dans les maisons pour récupérer des livres papiers vendus et envoyés ».

Suite à la polémique sur la suppression à distance de plusieurs exemplaires numériques des romans de George Orwell (1984 et La Ferme des Animaux), le directeur exécutif d’Amazon était intervenu sur le forum de la société pour présenter ses excuses aux internautes et assurer à tous que ce désagrément n’arriverait plus jamais. Jeff Bezos avait eu des mots assez durs sur la « solution » choisie par sa société, la qualifiant de stupide, d’inadaptée et surtout contraire aux principes d’Amazon. Mais pour beaucoup de personnes, ces excuses sincères ne suffisent pas.

Une part croissante d’internautes et d’avocats réclament un changement radical de la part d’Amazon, afin que la société modifie ses pratiques commerciales, de peur que l’entreprise ne soit forcée un jour de procéder à un nouvel effacement massif. « Aussi longtemps qu’Amazon garde le contrôle de l’appareil, la société aura la possibilité d’effacer des livres et cela veut dire qu’un jour, elle pourrait être tentée ou être contrainte de le faire » explique Holmes Wilson, l’un des responsables de la Free Software Foundation.

Pour faire bouger les lignes, la fondation est actuellement à la recherche de signatures de libraires, d’éditeurs, d’auteurs et d’intellectuels relate le New York Times. Le but est de présenter une pétition exigeant que l’entreprise abandonne au plus vite son système de verrouillage numérique sur les Kindle des utilisateurs.

Auparavant, lorsqu’un marchand vendait un produit à un client, la transaction marquait dès lors la fin du lien entre les deux parties. Désormais, certains appareils et services spécialisés maintiennent une sorte de « cordon ombilical » entre le vendeur et le client… et par extension, un lien avec l’appareil et son contenu. Certes, un tel système présente des avantages certains : les mises à jour sont constantes grâce à une synchronisation continue, un historique d’achats peut être généré afin de renvoyer de nouvelles versions en cas de plantage de l’appareil et des suggestions personnalisées peuvent être proposées.

Jonathan Zittrain, professeur de droit à l’Université d’Harvard et auteur du livre « The Future of the Internet – and How to Stop It », a émis quelques critiques sur ces appareils capables d’interférer avec l’expérience d’un utilisateur. « je suis inquiet, car de tels systèmes sont de véritables cadeaux pour les régulateurs » explique-t-il au New York Times. Pour l’enseignant, ce type de produit est potentiellement dangereux et peut amener des gouvernements à s’en servir comme d’un véto intellectuel.

Si la polémique n’est visiblement pas prête de retomber, d’autres personnes semblent plutôt résignées, comme Justin Gawronski, un lycéen qui a vu sa copie de 1984 effacée par Amazon. Au point de refuser d’entamer une class-action contre Amazon : « cela va certainement arriver à nouveau et nous devons sans doute apprendre à vivre avec« . Une opinion que beaucoup ne partageront pas.

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