Après une batterie d’essais sur le filtrage du web, le gouvernement devrait prochainement étendre la mesure à l’ensemble des internautes. Toutefois, malgré l’enthousiasme de quelques FAI, les mesures effectuées n’ont pas été en mesure de régler certains problèmes inhérents au filtrage.

Si la situation du web n’est pas rose en France, elle est carrément noire en Australie. En effet, selon les dernières informations rapportées par Ars Technica, le gouvernement local a mis fin à une vague de tests portant sur le filtrage du web à l’échelle du pays. Neuf fournisseurs d’accès locaux ont participé à ces mesures, et cinq d’entre eux se sont déclarés satisfaits des résultats obtenus, même si un certain nombre de problèmes n’ont pas été résolus.

À l’origine de ce projet très controversé, la volonté du gouvernement de mettre en place une sorte de grande barrière de corail virtuelle tout autour du pays. L’idée est née en août 2007 pour mettre fin à certaines dérives, notamment pornographiques, sur la toile. Par la suite, les premiers essais ont débuté en février 2008 sur l’île de Tasmanie, au large des côtes australiennes. À l’époque, le coût d’un tel programme était estimé à 154 millions de dollars et si les filtres étaient activés par défaut, l’utilisateur avait encore la possibilité de les désactiver par la suite.

Seulement, à la grande consternation des opposants au programme, les choses ont changé en octobre dernier. Alors que les détails d’un nouveau plan de cyber-sécurité se faisaient jour, Ars Technica avait révélé que le filtrage ne serait plus optionnel. En clair, l’utilisateur ne pouvait plus se retirer de la liste noire, quand bien même celui-ci était majeur. Ainsi, le principe de deux listes noires était posé : la principale liste du gouvernement australien aurait une portée universelle et ne serait ni désactivable, ni contournable, tandis que la seconde liste, dite « additionnelle », était en revanche un peu plus souple, puisqu’elle laissait toujours à l’internaute le choix de désactiver le filtrage.

Toutefois, malgré l’enthousiasme des cinq FAI se déclarant satisfaits avec les résultats, nous relèverons que quatre d’entre eux n’ont pour le moment pas choisi de commenter publiquement ces résultats, ou ont refusé tout simplement de le faire. De plus, les abonnés qui ont participé à ce programme ont connu quelques soucis, allant jusqu’à l’impossibilité d’accéder à des sites pornographiques, pourtant parfaitement légaux.

Le filtrage du web australien est donc en bonne voie, bien que de sérieux doutes ont été soulevés par de nombreux acteurs, dont certains membres du gouvernement, sur l’efficacité réelle d’un système de filtrage à grande échelle. Malgré tout, au regard des déclarations des FAI, les essais ont fourni suffisamment de munitions aux promoteurs d’un projet pour continuer de l’avant.

« Les utilisateurs n’ont expérimenté aucun problème et n’ont connu aucune dégradation du service, donc c’est une expérience plutôt concluante » a indiqué le directeur exécutif d’iPrimus Australia, Ravi Bhatia à ARN. Les supporters du filtrage vont donc très certainement utiliser ces déclarations comme argument pour étendre le projet de barrière virtuelle à l’ensemble de la nation dès que possible. Et ce, malgré l’absence de certains gros FAI : c’est le cas de deux des plus gros fournisseurs d’accès, Telstra et InterNode qui n’ont pas souhaité participer à ces expériences.

Le fait que certains FAI ont constaté que leurs utilisateurs n’ont pas pu accéder correctement à certains sites pornographiques légaux rappellent qu’il y a toujours des sérieux obstacles pour mettre en œuvre un système de filtrage infaillible. De plus, le faible taux de participation de certains clients de FAI jettent un voile de doute sur la qualité des résultats. Seulement 15 abonnés de Neslon Bay Online ont choisi de participer à cette expérience. À peine 1 % de la clientèle.

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