C’est en quelque-sorte le « Voice of America » du net. À côté des protestations officielles contre les pays censurant ou filtrant l’Internet, Washington est bien décidé à donner un sérieux coup de main aux internautes épris de liberté sur la toile. L’Agence France-Presse rapporte que l’organisme chargé de diffuser dans le monde des programmes d’information financés par le gouvernement américain, l’International Broadcasting Board, conçoit en ce moment même des outils permettant de contourner les politiques rigides de certaines nations à l’égard d’Internet.
Si aucun pays n’est explicitement visé par le projet de l’International Broadcasting Board (I.B.B.), il est évident que ce système sera testé grandeur nature dans des pays comme l’Iran ou la Chine et adapté en fonction des réactions des autorités locales. Mais pour l’heure, le logiciel a encore besoin d’être développé. « C’est un système très puissant, mais pas encore prêt à être testé en version expérimentale beta » a déclaré le responsable technologique de l’I.B.B. Ken Berman.
Ce système de diffusion par e-mail (Feed Over Email, FOE) sera « capable de transformer les services d’email les plus populaires comme Gmail, Yahoo! Mail ou Hotmail en canaux de transmission d’informations » précise Ken Berman, tout en tempérant que « nous n’en sommes pas là, c’est juste quelque chose de super sur lequel nous travaillons« . Selon ce responsable, le Feed Over Email reposera sur les techniques de chiffrement utilisées par ces services pour « créer des réseaux de transmission pour des informations qui se trouvent ailleurs sur Internet« .
Le plus étonnant dans cette histoire semble définitivement être la résignation des autorités chinoises face au système américain. Nos confrères d’Aujourd’hui la Chine rapporte que le China Daily, l’organe anglophone officiel du régime, a quasiment soutenu le projet de l’International Broadcasting Board, en décrivant le contrôle d’Internet par le gouvernement sous prétexte de lutter contre la pornographie comme « une pratique d’un autre âge« . Mieux encore, le quotidien parie même sur une arrivée prochaine de « la liberté totale« , au point que le logiciel américain sera finalement « inutile« .
Un enthousiasme qu’il faut bien sûr tempérer avec les récentes velléités de Pékin sur l’Internet. Parmi les projets les plus controversés en matière de web figurent le logiciel de filtrage « Green Dam Youth Escort » (Barrage Vert de la Jeunesse) qui devrait à terme s’imposer sur chaque ordinateur chinois, bien que les dernières actualités ont montré une hésitation inattendue du gouvernement, conduisant même à un report sine die du projet. Les propos particulièrement consensuels du China Daily pourraient dès lors très bien être un contre-feu pour atténuer l’impact de l’annonce américaine et porter un coup sur l’intérêt de développer un tel système, si à terme le web chinois est censé être effectivement libre…
Pour Ken Berman en tout cas, la Chine reste « le modèle, l’étalon d’or de la censure sur Internet« . « Les gens trouvent toujours des moyens de contourner le système. Les citoyens chinois utilisent depuis longtemps des proxys pour accéder à l’information bloquée par le gouvernement. L’initiative américaine est juste une amélioration de cet outil » précise Hu Yong, directeur de la China New media Communication Association.
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