Après Paul Krugman, c’est un autre Prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz, qui prône une remise en cause profonde de la propriété intellectuelle et l’arrêt de la lutte contre le piratage au profit d’une redéfinition des modèles économiques.


(CC, apesphere)

Il y a un an, lorsque Paul Krugman avait remporté le Prix Nobel de l’Economie, nous avions fouillé dans les archives pour retrouver un éditorial de l’économiste qui plaidait pour la gratuité de l’accès aux œuvres. « Octet après octet, tout ce qui peut-être numérisé sera numérisé, rendant la propriété intellectuelle toujours plus facile à copier et toujours plus difficile à vendre (…) Et nous devrons trouver les modèles économiques et les modèles d’affaires qui prennent cette réalité en compte« , avait-il écrit dans le New York Times. Il estimait que le piratage était tellement irrémédiable qu’il devait devenir le fondement d’un nouveau modèle économique pour la propriété intellectuelle.

Cette semaine, c’est Joseph Stiglitz, lui aussi Prix Nobel d’Economie, qui va dans le même sens. « La restriction à l’utilisation (du) savoir, soit le système de la propriété intellectuelle, est inefficace« , écrit-il dans une tribune sur Libération. « Essayer de maintenir coûte que coûte le système existant est une trop lourde charge financière alors que les bénéfices se réduisent« . Pour une raison très simple, c’est que « quand des produits deviennent trop chers, les consommateurs contournent le système pour acheter moins cher. Sauf que, ici, le coût est égal à zéro« .

L’économiste plaide donc pour une forme de licence globale ou de contribution créative. « Le principe d’une contribution raisonnable par utilisateur, à laquelle s’ajouterait une aide du gouvernement au titre de la recherche, est un bon système« , écrit ainsi Stiglitz. « Imaginons que chaque possesseur d’ordinateur verse annuellement une contribution à la hauteur de ce qu’il télécharge ou de ce qu’il regarde et écoute par le biais de cet ordinateur. Il garderait une trace de sa consommation, et des organismes spécialisés reverseraient aux artistes le fruit de cette consommation« .

Intransigeant, singeant le discours de dangereux utopistes libertariens, il affirme que « les producteurs dont le métier consistait à apporter la musique des artistes aux consommateurs n’ont plus leur raison d’être aujourd’hui« . C’est Patrick Zelnick, producteur chargé de dessiner l’avenir de l’offre légale sur Internet en France, qui va être content.

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