Une ancienne collaboratrice d’EMI, Ruth Katz, a mis au point un programme à destination des jeunes écoliers britanniques. Expérimenté dans six écoles du pays, ce programme doit expliquer les dangers du piratage et la menace que cela occasionne à l’industrie culturelle. Un enseignement résolument contre le piratage sur Internet.

L’industrie du disque ne se pose vraiment aucune limite. Alors que l’emploi du temps des élèves britanniques est déjà bien chargé, un nouveau programme éducatif pourrait bien apparaitre dès la rentrée prochaine. Une ancienne collaboratrice d’EMI, Ruth Katz, a en effet mis au point un programme visant à enseigner quelques principes sur les avantages du copyright et les menaces que fait peser le piratage sur l’économie culturelle, en particulier sur la musique. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce nouvel enseignement n’est pas à destination des étudiants, des lycéens ou même des collégiens, mais vise spécifiquement des enfants âgés… de cinq ans !

Cinq ans. Non pas que nous renâclons à chaque nouvelle idée issue des « cerveaux » de l’industrie culturelle, mais on se demande vraiment ce qu’un enfant de cinq ans peut saisir de ces problématiques complexes sur le droit, l’économie et la révolutiion sociale que l’ère numérique entraine dans nos sociétés. À cinq ans, tout « digital native » qu’il est, un enfant a sans doute mieux à faire qu’être un virtuose du peer-to-peer. À cinq ans, on a que faire de la très vague frontière séparant le légal de l’illégal, si tant est que ces notions parlent à un enfant.

Alors, pourquoi concevoir un tel programme ? Nous ne voyons qu’une seule et bien triste hypothèse : ‘lindustrie du disque cherche à influencer au plus vite nos chères petites têtes blondes pour qu’ils ne « sombrent » pas dans le téléchargement illégal. Sauf que de notre point de vue, l’éducation doit être l’occasion de fournir une véritable expérience intellectuelle, et non pas une porte ouverte à des entreprises privées qui viendraient prêcher la bonne parole. Ou plutôt leur bonne parole. Car il est évident que les « cours » dispensés reposeront vraisemblablement sur des données fournies par l’industrie du disque elle-même. Quand on connait leur objectivité et leur prévision

Pour l’heure, le programme est expérimenté dans six classes britanniques. Sur son profil LinkedIn, encore accessible grâce au cache de Google, Ruth Katz explique ainsi qu’elle a « initié un programme scolaire à destination des jeunes enfants pour leur enseigner des principes sur le copyright et le piratage« . « Le projet a reçu un immense soutien de la part d’associations de l’industrie musicale, en particulier l’IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), l’UK Music (l’organisation qui s’occupe des intérêts des artistes), l’EMI Music Sound Foundation et un ministère britannique (Department for Children, Schools and Families) et de nombreux autres sociétés du milieu« .

À terme, Ruth Katz espère que l’ensemble des écoles du Royaume-Uni s’intéresse à ce nouvel enseignement. Un projet qui est loin de faire l’unanimité. Don Foster, un parlementaire libéral-démocrate, reste septique sur sa valeur éducative : « ce n’est pas un thème essentiel que nous devrions introduire dans les classes en bas-âge. Les écoles primaires ont déjà des programmes scolaires déjà surchargés« . On ne peut qu’acquiescer : l’école primaire doit avant tout enseigner la maîtrise de la langue maternelle (lecture, expression orale…), des mathématiques, de l’histoire ou encore de la géographie, plutôt que les difficultés de l’industrie culturelle à s’adapter à la nouvelle donne du numérique.

Curieusement, suite à son entretien avec le Mail on Sunday, Ruth Katz a procédé à quelques modifications sur son profil Linked In. Toutes les mentions de ce projet (en particulier le but du programme et les soutiens) ont été retirées. Désormais, nous pouvons lire une description beaucoup plus consensuelle : « j’ai initié un programme scolaire à destination des jeunes enfants pour leur enseigner des principes touchant à la créativité ou à la création musicale. J’ai financé entièrement le projet parce que je crois que c’est un sujet important ».

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