Et si le piratage était bien plus intéressant économiquement que les plates-formes légales de téléchargement ? C’est l’idée originale que défend DigiRights Solutions, une entreprise allemande spécialisée justement dans… la lutte du piratage. Dans une récente démonstration Powerpoint, l’organisation a démontré que les ayants droit peuvent gagner jusqu’à 150 fois plus d’argent grâce au téléchargement illicite que sur des sites de vente en ligne comme iTunes ou Amazon MP3. Une position qui tranche nettement avec les postures habituelles de ce genre de sociétés.
La présentation débute avec quelques informations générales sur la grande variété des réseaux peer-to-peer et les sur les méthodes de détection utilisées par DigiRights Solutions pour attraper un internaute suspecté de télécharger du contenu protégé par le droit d’auteur. Comme l’explique Torrentfreak, leur fonctionnement est assez similaire à des organisations comme DigiProtect ou Logistep qui mènent des opérations comparables dans d’autres régions du monde.
Après avoir récupéré les adresses des internautes incriminés, DigiRights Solutions envoie à chacun d’entre eux une demande formelle de dommages et intérêts dont la somme est généralement de quelques centaines d’euros par infraction constatée. Jusqu’à présent, nous ne savions pas si cette solution était efficace et surtout si elle permettait de dégager des profits substantiels. Pour DigiRights Solutions, c’est une évidence : le piratage est une poule aux oeufs d’or.
L’entreprise indique donc envoyer systématiquement des e-mails aux internautes accusés d’échanger des fichiers protégés par le droit d’auteur. En partant du principe que la somme réclamée est 450 euros par fichier, DigitalRights Solutions conserve 80 % de la somme pour couvrir diverses dépenses techniques, administratives et juridiques, le reste allant dans la poche des ayants droit. Donc, sur une amende de 450 euros, la part revenant à l’industrie culturelle s’élève à 90 euros.
On pourrait évidemment débattre sur le partage assez déséquilibré entre l’organisation anti-piratage et les ayants droit, mais ce n’est pas la question. De toute façon, mais dans une répartition 80/20, les ayants droit semblent être très largement gagnants. En effet, un achat légal d’un titre sur Internet est facturé 0,99 €. Principal bénéficiaire de la vente, l’ayant droit, puisqu’il récupère 0,60 €. Or, cette rentrée d’argent est très largement inférieure aux 90 euros récupérés sur un titre téléchargé illégalement. La vente légale de musique est donc 150 fois moins rentable que le piratage, du moins si l’on se place du côté des ayants droit.
°videmment, tous les internautes qui seront ciblés par DigitalRights Solutions ou n’importe quelle autre organisation du même genre ne paieront pas. Pourtant, les statistiques présentées par la société allemande font état d’un taux de réponses positives de 25 %. Dit autrement, un internaute sur quatre choisi de payer l’amende sans protester ou se poser la moindre question.
En partant du principe qu’une organisation anti-piratage peut traquer 5 000 internautes par mois, en considérant que 25 % d’entre vont payer 90 euros, il faudrait que l’industrie du disque vende environ 150 000 titres pour arriver peu ou prou à la même rentabilité. Sachant qu’en Allemagne, le nombre de ventes à réaliser pour décrocher un disque d’or est justement 150 000.
Les entreprises comme DigitalRights Solutions, DigiProtect ou Logistep sont parvenus à construire un véritable business autour du téléchargement illégal, dont la pratique est justement de causer le plus grand tort aux différentes industries culturelles. Or ici, ce phénomène est justement l’occasion d’engranger beaucoup d’argent sur le dos des internautes pris dans les mailles du filet.
Finalement, ces sociétés n’ont absolument aucun intérêt de voir les droits d’auteur respectés sur Internet. Justement, plus le téléchargement augmente, plus ce secteur se portera bien. Et il va sans dire que la licence globale a toutes les chances de recueillir la plus violente hostilité de la part de ces organisations. La situation actuelle est un jack-pot, il n’est donc pas question que cela change. Au grand dam des internautes, qui sont une fois de plus les vaches à lait de l’histoire.
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