Puisque c’est Jacques Myard qui vous le dit… Interrogé par le Point, le député UMP Jacques Myard a redit ce qu’il avait déjà dit à l’Assemblée au moment du débat sur l’article 50 de la loi d’ouverture au marché des jeux en ligne, que nous avions pris pour une simple erreur passagère. Interrogé sur le fait que le blocage sera facilement contournable par les internautes et les éditeurs de jeux, le député prévient que « ça n’est pas si facile que ça« . « J’ai rencontré des sociétés du secteur de l’armement qui affirment que le blocage est parfaitement possible. Pour cela, l’Arjel (l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne, ndlr) devra se doter d’une batterie d’ordinateurs très puissants…« , indique M. Myard.
C’est qu’ils sont vraiment très doués chez Dassault et consorts, pour réussir à vendre des superordinateurs à une Autorité qui n’aura absolument pas la main sur le réseau. Evidemment, les seuls qui auront à acheter des « ordinateurs très puissants » pour essayer de bloquer efficacement les sites de jeux en ligne sont les fournisseurs d’accès à Internet, pour un coût estimé à 140 millions d’euros par les FAI.
Mais la question n’est de toute façon pas celle du contournement du blocage. Le problème n’est pas de savoir si le filtrage peut ne pas être assez efficace, mais la crainte qu’il puisse l’être trop et conduire au surblocage de sites parfaitement légitimes. Si les fournisseurs d’accès et les hébergeurs à qui l’on impose le blocage des sites ont une obligation de résultat, ils seront conduits à viser large et à bloquer par exemple toute une adresse IP, même si elle héberge plusieurs sites différents.
A cet égard, l’adoption d’un amendement qui redonne au juge le seul pouvoir de décider du blocage d’un site est une très bonne nouvelle. Il obligera les juges, conformément à ce qu’impose le conseil constitutionnel, à ne prendre que les mesures « strictement nécessaires » à l’objectif poursuivi, et donc à écarter le filtrage s’il présente des risques de surblocage. Mais pour Jacques Myard, « copier le blocage des sites illégaux sur le système retenu pour Hadopi (deuxième version, ndlr), c’est marcher sur la tête. On a eu la trouille du Conseil constitutionnel, mais on n’est pas du tout dans le même cas de figure (…) Je maintiens que la procédure pourrait être administrative sous contrôle du juge a posteriori« .
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