Est-ce un suicide social, ou une renaissance ? La chanteuse britannique Lily Allen, qui avait mené une campagne contre les pirates qui s’est retournée contre elle, s’est convertie au « luddisme », un mouvement qui prône l’abandon presque total des technologies modernes pour revenir aux fondamentaux de la nature.

« Je suis une néo-luddite, au revoir« . C’est le dernier message laissé par la chanteuse Lily Allen sur Twitter, le 18 septembre dernier. Quelques jours plus tôt, elle venait d’annoncer l’abandon de sa carrière, après avoir entamé une campagne désastreuse à l’encontre des internautes, qui téléchargent ses chansons et les partagent. Lily Allen s’était faite la porte-parole d’un mouvement favorable à la riposte graduée en Grande-Bretagne, contre son public et contre une partie des vedettes britanniques. Mais elle a été contrainte de reconnaître que tout le monde piratait, même elle.

Selon Wikipedia, « Le luddisme est, selon l’expression de l’historien Edward P. Thompson, un  » conflit industriel violent « [1] qui a opposé dans les années 1811-1812 des artisans – tondeurs et tricoteurs sur métiers à bras du West Riding, du Lancashire du sud et d’une partie du Leicestershire et du Derbyshire – aux employeurs et manufacturiers qui favorisaient l’emploi de machines (métiers à tisser notamment) dans le travail de la laine et du coton[2]. La lutte des membres de ce mouvement clandestin, appelés luddistes ou luddites, s’est caractérisée par le  » bris de machines « « .

Depuis, on parle de « néo-luddisme » pour désigner un « mouvement moderne d’opposition à tout ou partie du progrès technologique et prônant un retour à des valeurs plus  » naturelles  » et plus simples que celles de la technologie moderne, jugée artificielle et de plus en plus complexe voire dangereuse« .

Selon la presse britannique, la pop-star aurait abandonné ses comptes Twitter, Facebook, et jeté son PC, son MacBook et son Blackberry. Elle n’aurait gardé comme seuls moyens de communication moderne que le téléphone fixe, et un vieux téléphone mobile qu’elle laisse chez elle lorsqu’elle quitte la maison.

La chanteuse a expliqué au Daily Mirror que c’était sur demande de son petit ami, Sam Cooper, qui lui aurait demandé de choisir entre lui et Twitter. « Mon petit copain s’est mis vraiment en colère« , raconte-t-elle. « Il m’a fait genre, ‘je veux passer plus de temps avec toi, est-ce qu’on a besoin d’avoir un million et demi de personnes dans la pièce avec nous ?« .

A mesure que les technologies progressent, la frontière entre la vie privée et la vie publique s’efface. Pour un nombre croissant d’individus, la pression que fait peser la technologie dans la vie quotidienne devient intolérable, notamment au niveau professionnel où elle impose une productivité et une disponibilité de plus en plus élevée. Une étude d’Intel montrait encore cette semaine que 62 % des Américains estiment qu’il n’est plus possible de se séparer d’un moyen de communication mobile professionnel, même en vacances ou en déjeuner.

L’étude mettait en évidence l’existence d’une sorte de code social implicite qui tente de poser des barrières entre l’instant que l’on vit dans un lieu donné, et les communications mobiles qui nous donnent une sorte de pouvoir d’ubiquité.

C’est toute la question historique et irrésolue de la place de la technologie dans la société. Est-elle au service de l’homme, ou rend-elle l’homme servile ?

Comme l’écrivait le philosophe de la technologie Michel Puech, « la technologie n’a aucun besoin de la philosophie pour vivre, mais il se pourrait que nous ayons besoin d’une philosophie de la technologie pour vivre dans le monde de la technologie« .

Y aura-t-il, chez beaucoup d’hommes et de femmes, cette même tentation du luddisme ? Et combien de passages à l’acte ?

Et vous, y avez-vous déjà songé ?

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