Mercredi, les enseignes des cinémas seront éteintes pendant une heure, en signe de protestation contre la loi Hadopi qui diminue la durée d’exploitation exclusive des films par les exploitants de salles, pour favoriser le développement de l’offre légale. Ils s’estiment lésés par le gouvernement, et demandent une série de mesures d’aides.

L’économie du cinéma est un sac de noeuds qu’il est bien difficile de détricoter. A priori, face au piratage, toute l’industrie du 7ème art a intérêt à ce que l’offre légale se développe pour continuer à financer la production de nouveaux films et à faire vivre la filière. Il faut donc aider à concurrencer le piratage. Mais tout le monde n’est pas d’accord sur la méthode, et chacun cherche à protéger ses propres intérêts, parfois au risque de tomber dans l’absurdité la plus totale.

Canal , le premier financier du cinéma en France, rejette par exemple toute forme de distribution légale libéralisée (qui a dit licence globale ?) qui pourrait pousser ses abonnés à préférer cette offre légale à la chaîne cryptée, quand bien même la totalité des films qu’elle diffuse sont disponibles depuis longtemps sur les réseaux P2P non rémunérateurs. Jean-Bernard Lévy, grand patron de la maison-mère Vivendi, mise sur le filtrage et la loi Hadopi pour faire entrer les consommateurs dans les bons parcages, et développe progressivement son offre de VOD pour offrir une alternative contrôlée.

C’est dans cet esprit que Canal et les autres distributeurs de films en vidéo à la demande ont obtenu du législateur qu’il impose un réaménagement de la chronologie des médias dans la première loi Hadopi. Le texte a raccourci les délais de sortie en DVD et VOD des films à 4 mois après leur sortie en salles, contre 6 mois auparavant. De même, Canal peut maintenant diffuser les films 10 mois après leur sortie en salle, contre 1 an auparavant. Mais ce sont du coup les salles de cinéma qui protestent.

La Fédération Nationale des Cinémas de France (FNCF), qui rassemble 2.100 salles de cinéma françaises, a ainsi appelé les exploitants à éteindre leurs enseignes lumineuses de 18h à 19h ce mercredi, en signe de contestation.

En plus d’un retour en arrière sur la chronologie des médias, la FNCF demande un rééquilibrage des taxes, qui seraient supérieures pour les exploitants de cinéma à celles appliquées aux chaînes de télévision, aux DVD et aux vidéos à la demande. Elle souhaite également une exonération partielle de la taxe professionnelle, et un crédit d’impôts.

Les derniers chiffres du CNC publiés en septembre montraient que le cinéma progresse de plus de 7 % en nombre d’entrées sur les douze derniers mois, après une année 2008 déjà record. Cependant, malgré des chiffres meilleurs chaque année, la FNCF se plaint de ne pas pouvoir faire face à une augmentation du prix des équipements, après 2 milliards d’euros investis en moins de 20 ans. Elle estime que l’augmentation du prix des billets (11 %) a été inférieure à l’inflation (19 %) sur la même période.

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